« Aujourd’hui, on estime qu’au moins 70 % des BPCO ne sont pas diagnostiquées. En conséquence, les patients arrivent souvent en consultation à un stade tardif, au moment où certains symptômes sont déjà bien développés ou à l’occasion d’exacerbations parfois sévères. Alors qu’un repérage précoce aurait pu permettre de les inciter à s’engager plus tôt dans un arrêt du tabac, et de les faire bénéficier des autres mesures adaptées à leur situation. La détection précoce est donc un enjeu majeur dans le domaine de la BPCO », indique le Pr Nicolas Roche, pneumologue à l’hôpital Cochin à Paris.
Selon lui, les généralistes peuvent jouer un rôle important dans ce repérage précoce. « Ce sont eux, en effet, qui vont voir ces patients à un stade encore asymptomatique ou peu symptomatique sur le plan respiratoire. Ils peuvent profiter d’une consultation, quel qu’en soit le motif (respiratoire ou non), pour proposer au patient de répondre à un petit questionnaire très simple et rapide, visant à savoir si le patient consomme (ou a consommé significativement) du tabac, et si oui s’il présente certains symptômes (essoufflement, expectorations, toux chronique) et s’il a régulièrement des épisodes qualifiés de bronchites », souligne le Pr Roche.
Identifier les patients à risque
L’objectif de cet interrogatoire n’est pas de faire un diagnostic mais d’identifier des patients potentiellement à risque. « Aucun test clinique ou d’imagerie ne permet de faire un diagnostic. Le seul examen à faire, c’est une spirométrie. Et toute la question est de savoir qui va faire cette mesure du souffle. Après avoir fait ce premier repérage clinique, le généraliste peut bien sûr adresser son patient à un pneumologue ou à un laboratoire d’explorations fonctionnelles respiratoires (EFR). Mais on sait que, bien souvent, le patient n’ira pas faire cette spirométrie car il ne se sent pas concerné ou n’a pas envie d’apprendre une mauvaise nouvelle ou qu’on lui dise d’arrêter de fumer ».
Et peut-être que ce patient serait plus enclin à faire une spirométrie si celle-ci était faite directement par son généraliste. « Cela serait très utile que les généralistes s’engagent pour faire des examens du souffle. Mais cela suppose d’abord qu’ils soient très bien formés. Une formation initiale nécessairement présentielle est obligatoire. Et ensuite, il faut que le généraliste réalise cet examen suffisamment et très régulièrement pour ne pas perdre la main. Pratiquer cet examen de temps en temps ne lui permet pas de maintenir un bon niveau de qualité. Une spirométrie, ce n’est pas comme une simple prise de tension artérielle où le patient a juste à tendre le bras. Le patient doit faire une manœuvre respiratoire de qualité et répétée plusieurs fois de suite. Il faut donc que le généraliste soit capable de gérer la qualité de cet examen dans le temps », souligne le Pr Roche. Un accompagnement par un pneumologue correspondant (qui sera également sollicité pour explorer plus avant les BPCO détectées) peut représenter une aide utile à la démarche qualité.
Cet examen réalisé par le généraliste peut être coté environ 40 € (comme le pneumologue). « Un autre frein est bien sûr la faisabilité de cet examen dans le cadre d’une activité de médecine générale classique. On peut concevoir que cela ne soit pas simple pour un médecin qui exerce seul. Et peut-être qu’il est plus facile d’envisager de faire des mesures du souffle dans un cabinet de groupe avec, pourquoi pas, un infirmier dédié sous la responsabilité du médecin », souligne le Pr Roche.
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