Si dans l'ensemble, les professionnels de santé libéraux vont un peu mieux, les généralistes demeurent inquiets pour leur avenir, selon l'observatoire CMV Médiforce mis en place il y a six ans*. « Nous constatons un très léger frémissement à la hausse » du moral des professionnels de santé libéraux, croit savoir Ariane Govignon, directrice générale de CMV Médiforce, filiale de BNP Paribas, spécialisée dans le financement des professionnels de santé.
L'année dernière, l'observatoire avait mis en évidence des professionnels peu satisfaits de leur situation, avec une notre globale de satisfaction de 4,9 sur 10 (4,8 en 2015). L'enquête 2016 montre des professionnels un tout petit peu moins pessimistes, avec une moyenne de 5 sur 10.
Cette note cache des appréciations bien différentes selon les professions. Si les kinés-ostéos et les vétérinaires évaluent respectivement leur moral à 5,7 et 5,6 sur 10, les généralistes libéraux ne voient pas autant la vie en rose, avec une note de 4,5. Seuls les chirurgiens-dentistes font pire, avec un score de 4,4. Quant aux radiologues, ils se situent un peu au-dessus de la moyenne (5,2).
Les sources d'insatisfaction des généralistes sont nombreuses. 55 % se plaignent des horaires, 54 % des conditions de travail, et 51 % ne sont pas satisfaits de leurs perspectives d'évolution. « L'évolution va vers la mise en place d'un contrôle administratif étouffant, regrette un généraliste du Morbihan, le temps passé auprès des patients en pâtit ». Ils ne sont plus que 49 % à se plaindre de leur niveau de revenus, et 46 % ont du mal à trouver un équilibre entre leur vie privée et professionnelle.
Quand on demande à ces professionnels de santé de donner une note à leur situation professionnelle d'ici à 5 ans, on observe un décalage. Les professionnels de santé dans leur ensemble attribuent la note de 4,1 à ce futur, alors que les généralistes lui donnent 3,8. Les radiologues broient un peu moins du noir avec une note moyenne de 4.
L'appétence pour le salariat
Les libéraux de santé voient aussi leur avenir sous un jour moins solitaire, et moins libéral. Sur les 63 généralistes du panel exerçant seuls en libéral, seuls 48 exerceraient sous la même forme cinq ans après. Mieux, alors qu'ils ne sont aujourd'hui que trois les généralistes salariés seraient 28 cinq ans plus tard.
Le déconventionnement fait question. 2 % des professionnels interrogés envisagent « très probablement » de quitter la Sécu, 47 % assurent qu'ils ne le feront jamais, et 51 % « peut-être un jour ». « Nous n'avons aucune revalorisation, se justifie une généraliste de l'Hérault tentée par l'aventure, nous devons subir un contrôle tatillon et des obligations administratives exponentielles, sans moyens financiers pour un secrétariat. »
Pourtant, malgré tous ces inconvénients, 57 % de ces médecins recommanderaient à un jeune d'exercer leur profession en libéral (67 % des radiologues, mais seulement 27 % des biologistes). Mieux, 63 % des généralistes, 82 % des radiologues et 78 % de l'ensemble des professionnels de santé jugent leur travail malgré tout satisfaisant. « Nous faisons un merveilleux métier, reconnaît un autre généraliste, mais à exercer comme un art, et non pas comme un technicien ». La généraliste de l'Hérault abonde dans le même sens : « C'est quand même une très belle profession, ne l'oublions pas. »
* Enquête réalisée du 20 octobre au 21 novembre 2016 par questionnaire auto administré en ligne auprès de 495 professionnels libéraux de santé, répartis à peu près équitablement en 8 professions : pharmaciens, médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, kinésithérapeutes-ostéopathes, vétérinaires, biologistes et radiologues.
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