DE NOTRE CORRESPONDANT
LE DERNIER schéma régional d’organisation sanitaire de Bretagne en a fait un de ses axes d’action prioritaires : l’organisation des urgences par le biais d’un réseau régional, conformément à une circulaire de la DHOS (direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins) de février 2007. C’est dans ce sens que le réseau « Bretagne Urgences » a vu le jour et que son conseil régional, l’instance opérationnelle du réseau, a été installé le 25 novembre en présence du directeur de l’ARH (agence régionale de l’hospitalisation), Antoine Perrin.
Outil de coordination entre établissements participant à la prise en charge des urgences et d’optimisation des moyens existant sur chaque territoire de santé, le réseau doit entre autres, selon les orientations définies par le SROS, « améliorer l’articulation entre la permanence des soins et la médecine d’urgence ». Pour ce faire, le conseil régional des urgences doit-il compter plus qu’un représentant des médecins libéraux, en l’occurrence un membre de l’URML (union régionale des médecins libéraux) ? Non, a répondu le directeur de l’ARH ; oui, protestent les représentants des médecins libéraux au sein de l’URML…
Marginalisation.
« Les médecins libéraux régulent 40 % des appels reçus dans les centres 15 toutes périodes confondues en Bretagne et prennent en charge l’immense majorité des patients ayant recours au système de soins en soirée, la nuit et le week-end, lors de leurs gardes en secteur, en maison médicale de garde (au nombre de 16) ou en établissement privé, affirme le Dr Philippe Le Rouzo, président de la commission PDS à l’URML et médecin à Pluvigner (Morbihan). Malgré cela, nous sommes exclus de l’instance décisionnelle du réseau qui, même si elle n’a pas vocation à réguler la PDS, ne peut pas ignorer l’implication des libéraux en amont des services d’urgence ». Et d’ajouter : « Nous aurions souhaité avoir au moins un représentant par ADOPS [associations départementales d’organisation de la permanence des soins, NDLR] . Nous prenons acte de notre marginalisation. En tant que représentant de l’URML, je ne siégerai pas à ce conseil régional, comme nous continuons à boycotter toute réunion sur la permanence des soins tant que des réquisitions sont encore effectuées. » Le Dr Daniel L’Azou, chef de service du SAMU 29 et coordinateur médical du conseil régional des urgences, souligne quant à lui que les médecins libéraux ont toute leur place dans le dispositif. « Chaque comité permanent des urgences des huit territoires de santé de Bretagne, dans lequel les associations départementales de permanence des soins ont leur place, a été partie prenante dans la définition de l’organisation du réseau, explique le Dr Daniel L’Azou. Le réseau est basé sur ce qui se passe dans chaque territoire de santé, où les libéraux ont voix au chapitre. Du reste, si l’on veut avoir une instance opérationnelle, on devait veiller à ne pas avoir trop de monde (1) . En aucun cas, nous avons voulu marginaliser la médecine de ville. »
Quelques jours avant l’installation de ce conseil régional, les médecins libéraux, sous l’égide de l’URML, ont décidé de « formaliser l’organisation de la PDS existante par la création d’un réseau régional ad hoc autour des associations de PDS, des associations de garde, des maisons médicales de garde et des établissements privés où exercent les libéraux », précise le communiqué. « C’est une réponse à l’ARH et une manière d’aller plus loin entre nous, considère le Dr Philippe Le Rouzo. Nous voulons avoir les moyens de promouvoir une PDS efficiente et pérenne, mission de service public basée sur le volontariat. L’HAD se développe par exemple. Mais, la permanence des soins n’est pas assurée la nuit. Nous, nous voulons bien intervenir si c’est contractualisé. Nous voulons également pouvoir mutualiser les forfaits d’astreinte pour mettre en place des effecteurs mobiles accompagnés. » Une demande de financement - notamment par le biais du FIQCS (2) - va être déposée.
Comment réagit le tout nouveau coordinateur du réseau régional des urgences ? « Cette volonté des libéraux d’organiser un dispositif de permanence des soins qui tienne la route est très bien, estime le Dr Daniel L’Azou. Nous avons tous le même objectif : veiller à une bonne prise en charge sur tout le territoire. » L’avenir dira comment cohabitent ces deux réseaux et quelle articulation s’opère entre eux deux. En attendant, le conseil régional des urgences devrait plancher sur des sujets comme l’organisation des transferts pédiatriques, la mise en place d’un observatoire opérationnel des ressources ou la prise en charge de certaines pathologies (comme pour les brûlés) sur ou en dehors de la région.
(1) Le conseil régional des urgences compte 36 membres titulaires.
(2) Fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins.
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