LA COTE DU DIRECTEUR du Fonds monétaire international (FMI) dépasse largement le camp de la gauche dont pourtant Dominique Strauss Kahn se revendique. Dans la perspective de l’élection présidentielle, c’est un atout indéniable. Il reste que l’on ne s’attendait guère à ce que « DSK » surclasse chez les médecins libéraux, Nicolas Sarkozy. C’est pourtant ce que l’on constate avec les résultats du dernier sondage IFOP-« le Quotidien du Médecin » réalisé auprès de 501 médecins libéraux. Pour la première fois, un candidat de gauche, dépasse chez les médecins libéraux, le candidat de la droite, qui plus est hôte de l’Élysée. Mais ceci explique peut-être cela.
Ainsi avec 36 % d’intentions de vote au premier tour, l’ancien député du Val-d’Oise distance de cinq points le président sortant qui cependant, avec 31 %, réalise un score supérieur à sa performance au niveau national, puisque selon une récente étude, seuls 23 % des Français affirment qu’ils le choisiraient.
À l’évidence, si la cote de Nicolas Sarkozy reste élevée dans le monde médical, elle n’en subit pas moins une forte baisse : pour cela il suffit de se rappeler qu’en avril 2007, avant le premier tour de l’élection présidentielle, le candidat de l’UMP se voyait plébiscité par 48 % des médecins libéraux. La chute est forte. Une analyse plus fine montre aussi que 18 % des électeurs médecins libéraux qui ont voté Sarkozy en 2007 se tournent aujourd’hui vers DSK et que 45 % de ceux qui avaient glissé un bulletin Bayrou dans l’urne choisissent maintenant le patron du FMI.
Ces résultats sont d’autant plus inquiétants pour le président et son gouvernement qu’ils n’ont pas ménagé leurs efforts, notamment depuis le scrutin des régionales de l’an dernier, pour se réconcilier avec le corps médical et en particulier les médecins libéraux : C à 23 euros, visites dans les cabinets médicaux, déplacement sur le terrain, Nicolas Sarkozy et son ministre de la Santé, Xavier Bertrand, multiplient les gestes et les discours. Rien n’y fait ou si peu : 74 % des médecins libéraux rejettent la politique de santé de santé menée par le président et le gouvernement. On note une petite amélioration, puisqu’il y a un an exactement, ils étaient 79 % à porter un jugement similaire. Mais ce sentiment est aussitôt tempéré par le fait que 56 % des électeurs de Sarkozy de 2007, estiment que la politique menée dans ce secteur est négative. Ce qui devrait faire réfléchir les conseillers du président de la République et les fins analystes de l’Élysée.
En clair, aujourd’hui, rien n’y fait : la mauvaise réputation de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) portée par Roselyne Bachelot demeure et le ressentiment des médecins né de l’affaire de la vaccination contre H1N1 n’est pas effacée. Le pouvoir en place aura du mal à inverser la tendance.
Score honorable pour Aubry.
Les résultats de ce sondage, avec Martine Aubry comme candidate socialiste, confirment l’analyse générale. Il est clair que la maire de Lille, lorsqu’elle était ministre de l’Emploi et de la solidarité, du temps du gouvernement de cohabitation Chirac-Jospin, n’a pas laissé un souvenir impérissable chez les médecins libéraux. Elle s’était vue en particulier reprocher vertement par les responsables médicaux son approche strictement comptable – elle a fait des émules depuis… – de la politique de santé et de l’exercice médical, sa volonté de mettre en place dans ce cadre un système de lettre clé flottantes et surtout, évidemment, l’application de sa réforme de la réduction du temps de travail à l’hôpital. Et pourtant la « dame des trente-cinq heures », bien que nettement distancé par Nicolas Sarkozy dans ce sondage IFOP, réalise une performance inattendue. Avec 24 % d’intentions de vote (contre 37 % au président actuel) elle fait aussi bien chez les médecins libéraux qu’au niveau national. C’est aux électeurs de François Bayrou qu’elle doit ce score intéressant. Seuls 5 % des médecins qui avaient voté Sarkozy il y a quatre ans reportent leurs suffrages sur elle.
Autre enseignement de ce sondage : le score de Marine Le Pen qui recueille, selon le candidat socialiste, 7 à 8 % des intentions de vote. Très loin de sa performance au niveau national où elle dépasse généralement les 20 %. À l’évidence l’effet « Marine », est moins spectaculaire chez les médecins libéraux. Il n’empêche qu’elle « enfonce » les scores de son père qui ne réalisait guère que 2 à 3 % lors des sondages effectués lors des précédents scrutins. La performance de la fille n’est à cet égard pas négligeable.
À noter toutefois que les médecins – si l’on se réfère au récent sondage IFOP publié il y a peu par « France-Soir » – font la part moins belle à la présidente du FN que les autres professions libérales et les cadres supérieurs, (auxquels ils peuvent être comparés), qui lui accordent dans tous les cas de figure, 11 % de leurs intentions de vote.
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