Arrivée en tête des élections professionnelles dans le collège des spécialistes (39,30 %), la jeune union syndicale Avenir Spé – Le BLOC entend défendre la voix des médecins spécialistes qui, selon son président le Dr Patrick Gasser, « se sentent peu reconnus par les autorités sanitaires et dans la nouvelle organisation des soins ». Pour preuve, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 ne comporte « aucune mesure en faveur des spécialités médicales et chirurgicales alors que celles-ci ont été durement frappées par la pandémie de Covid ».
« Rien n’y est spécifiquement prévu pour la réorganisation de la médecine spécialisée, en particulier la valorisation de l’expertise clinique, la coordination médicale ou le développement des équipes de soins spécialisées », martèle le gastroentérologue de Nantes. Pis, les avancées obtenues de façon très ciblée dans l'avenant 9, que le jeune syndicat a signé, « ne rendent pas compte de l’expertise clinique alors que les charges et les obligations ne cessent de croître (+2 % par an sur les salaires des personnels) ».
Malgré ces revers, Avenir Spé-Le BLOC veut faire preuve d'innovations pour permettre aux spécialistes libéraux de « retrouver cette reconnaissance » et « le sens de l'exercice médical ». Le syndicat va soumettre de nouvelles pistes organisationnelles pour garantir un accès aux soins de qualité aux spécialistes et la coordination entre les professionnels. Parmi elles, la création d'un maillage de « maisons du spécialiste », « ouvertes sur la médecine générale, sur les jeunes qui ont besoin de cadres sécurisants et en collaboration avec les paramédicaux de territoire ».
Un guichet unique dédié
En « complémentarité » de la maison de santé pluridisciplinaire (MSP) davantage conçues pour les généralistes, la « maison du spécialiste » est présentée comme « un espace dédié », une sorte de « guichet unique pour une spécialité ou une pathologie facilitant la lisibilité pour les patients », décrit le Dr Gasser.
Ce projet qui va être lancé à partir de janvier 2022 se calque sur le modèle des maisons pédiatriques ou celles des ophtalmos qui existent déjà. « Les maisons pédiatriques regroupent tous les professionnels qui interviennent autour des enfants » précise la Dr Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français. En clair, « le modèle du cabinet avec seulement des médecins va devoir se transformer pour intégrer des paramédicaux et des assistants médicaux », ajoute le Dr Marc Villaceque, président du Syndicat national des cardiologues.
« Cette maison sera ouverte aux patients et fonctionnera de façon coordonnée avec les généralistes et d'autres spécialités, dit-il. L'objectif est de permettre aux patients de trouver dans un même lieu un avis, une prise en charge adaptée. » Plusieurs spécialités se sont montrées déjà intéressées par ce projet comme les pneumologues ou les ORL.
Besoin d'accompagnement
Face à ces enjeux de transformation organisationnelle, les médecins, qui doivent être des entrepreneurs, ont besoin d’être accompagnés « pour maîtriser les cadres juridiques et fiscaux spécifiques ». Pour les guider, le syndicat déploiera « une modélisation juridique et économique de ces espaces et proposera des accompagnements clé en main ». « On a passé un partenariat avec l'école entrepreneuriale (ETHICARE) pour accompagner les médecins », explique le Dr Gasser.
S'appuyant sur cette nouvelle organisation, Avenir Spé-Le BLOC souhaite la « transposer » dans la prochaine convention médicale. Mais sous quelle forme ? « Est-ce qu'il faut une évolution forte des consultations ? », s'interroge le Dr Gasser. Même si le syndicat ne porte pas en son cœur le paiement au forfait ou celui à l'épisode de soins, « ces modes de rémunération ont aujourd'hui la préférence de la CNAM et du gouvernement ». « Si nous avons déjà une structure qui pourra le prendre, alors ce sera plus facile », glisse le Dr Villaceque, vice-président d'Avenir Spé-Le BLOC.
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