L'ORL François Arnault, nouveau président de l'Ordre des médecins

Par
Publié le 22/06/2022

Crédit photo : DR

Un spécialiste succède à un généraliste ! À l’issue du renouvellement d’une grande moitié de ses membres (36 des 58 postes de conseillers), le conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), désormais pleinement paritaire, a élu ce mercredi son nouveau président et un nouveau bureau*.

Après neuf ans de règne, le Dr Patrick Bouet, généraliste à Villemomble (93), passe la main au Dr François Arnault, 70 ans, pour un mandat de trois ans. Ancien ORL à Châtellerault, à la retraite depuis 2017 après 35 ans d’activité, le Dr Arnault a siégé pendant 30 ans à l’Ordre des médecins de la Vienne. Il en a été le vice-président de 2002 à 2005, puis le président de 2005 à 2015. Depuis 2013, il siège à l'instance nationale. Au niveau local, il fut maire d’Availles (Vienne) de 2008 à 2018, fonction qu’il a quittée pour redevenir conseiller municipal.

Au Cnom, il a été le délégué général aux relations internes, chargé notamment de la problématique des déserts médicaux. Son rapport intitulé « Améliorer l’offre de soins : initiatives réussies dans les territoires », rendu public début 2017, avait servi de base à l’élaboration d’un observatoire des initiatives des territoires, qui a référencé les dispositifs efficaces contre la désertification médicale. 

Accès aux soins et questions sociétales

Le nouveau président doit s’atteler à plusieurs dossiers prioritaires. En premier lieu, la problématique de l'accès aux soins, qui a pris une importance cruciale en raison d'une démographie médicale en grande souffrance et de soignants épuisés. Pour assurer dans chaque bassin de vie l’équité et la sécurité de l’accès aux soins, le Cnom n'a cessé de réaffirmer l’importance de s'appuyer sur des « organisations des soins territoriales coordonnées » par le médecin.

Pendant la campagne présidentielle, l'Ordre a défendu le concept de « responsabilité partagée des acteurs de soins sur un territoire ». Un immense défi de la continuité et de la permanence des soins qui risque de se reposer avec gravité cet été dans un contexte extrêmement tendu aux urgences et en médecine de ville. Pas question d'évoluer vers un démantèlement de la profession avec des délégations de tâches improvisées ou subies. Le Cnom a toujours défendu le leadership médical et la coordination des acteurs, sous la houlette du praticien.

Le nouveau président de l'Ordre des médecins devra aussi répondre à plusieurs grandes questions sociétales sur la fin de vie, l’IVG, la GPA ou des sujets de bioéthique. Il lui faudra se positionner sur l’usage grandissant du numérique et la sécurité des données. Pour l'Ordre, la question de l'indépendance des soignants vis-à-vis des financeurs est également posée, avec la montée en puissance de groupes sur les soins primaires ou non programmés.

Des critiques et des tempêtes

Ce renouvellement se fait dans un contexte toujours difficile pour l'Ordre. Ces dernières années, l'institution a été ébranlée par la désastreuse affaire Le Scouarnec, du nom de ce chirurgien pédophile condamné en décembre 2020 à 15 ans de prison pour abus sexuels sur mineurs. Autre boulet à traîner : le rapport au vitriol de la Cour des comptes (2019) qui dénonçait les « désordres comptables » de l'Ordre national, son immobilier « somptuaire », ses contrôles « inopérants », voire son laxisme dans le traitement de dossiers de plaintes sexuelles. Des accusations que Patrick Bouet avait contestées point par point.

La nouvelle équipe devra par ailleurs renouer le fil avec les syndicats de médecins libéraux, parfois irrités par les prises de position de l’Ordre sur des questions de défense des intérêts catégoriels.

Enfin, l'institution continue de subir les coups de boutoir d'une minorité de médecins qui renâclent à payer leur cotisation annuelle de 335 euros. Issus du mouvement d’insoumission aux Ordres professionnels (Miop), plusieurs médecins ariégeois sont engagés dans une procédure pour avoir refusé de payer leur cotisation, qualifiant l'Ordre de « structure réactionnaire » et d'« organisation corporatiste opaque ». Même si ce mouvement reste ultraminoritaire, il traduit une forme d'exaspération professionnelle.

Parité bienvenue

Conscient de ces défis, le nouveau président de l'Ordre a fait part ce mercredi de sa volonté « claire et déterminée » de renforcer les contacts avec l’ensemble des partenaires de l’institution – pouvoirs publics, syndicats de médecins, Ordres des autres professions de santé, associations de patients, parlementaires et élus des territoires. Aux yeux du nouveau patron de l'Ordre, le renouvellement de l'institution (parité, rajeunissement) est une « véritable chance » pour œuvrer dans « un esprit collectif » en interne mais aussi avec les autres professions de santé « par une ouverture vers les coopérations professionnelles ».

* Nouveau bureau

Président : Dr François Arnault
Secrétaire général : Dr Pierre Maurice
Trésorier : Dr Pierre Jouan
Vice-présidents : Dr Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, Dr Jacqueline Rossant-Lumbroso, Dr Jean-Marcel Mourgues, Dr Gilles Munier.

Présidents de section :
- Section Ethique et déontologie : Dr  Anne-Marie Trarieux
- Section Exercice professionnel : Dr René-Pierre Labarrière
- Section Formation et compétences médicales : Dr Henri Foulques
- Section Santé publique : Dr Claire Siret

Délégué général aux relations internes : Dr  Pascal Jallon
Délégué général aux affaires européennes et internationales : Dr Philippe Cathala
Délégué général aux données de santé et au numérique : Pr Stéphane Oustric
Secrétaires généraux adjoints : Dr Leïla Ouraci ; Dr Patrick Théron ; Dr Frédéric Jo

 


Source : lequotidiendumedecin.fr