« Marisol Touraine, les médecins libéraux ne vous regretteront pas. »
Le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, écrit tout haut ce que de nombreux confrères pensent tout bas. Le quinquennat qui s'achève restera une période difficile pour la profession, marquée par des relations tendues, voire exécrables, entre les médecins de ville et l'exécutif, et plus particulièrement la ministre de la Santé.
Dès le début de son mandat, Marisol Touraine s'attire les foudres des spécialistes libéraux en s'attaquant aux dépassements d'honoraires, promesse du candidat Hollande. Les âpres négociations, qui aboutissent au contrat d'accès aux soins (CAS) de modération tarifaire et à un nouveau système de sanctions contre les abus, sont vécues comme une stigmatisation. Plus tard, les nouveaux contrats responsables, qui plafonnent la prise en charge des dépassements, seront perçus comme une attaque indirecte contre le secteur II.
La loi de santé et ses 227 articles ont cristallisé la colère des médecins. Ce texte était censé amorcer un virage ambulatoire, les médecins y ont vu une bureaucratisation du système de santé à tous les étages. Mais c'est la généralisation du tiers payant, marqueur de gauche, que la profession a durablement pris en grippe, redoutant une charge de travail supplémentaire, des impayés, et une surconsommation des soins.
15 mars 2015, la colère blanche à Paris
Autant que le contenu des réformes, la méthode Touraine est critiquée. À l'heure du bilan, le SML dénonce une « absence totale de dialogue et de concertation », la CSMF parle de « dogmatisme ». Dès mars 2014, la cote de la ministre s'effondre. Marisol Touraine n'a plus la confiance que de 25 % des médecins libéraux sondés (contre 52 % en juin 2012). La colère atteint son paroxysme un an plus tard. Le 15 mars 2015, une marée blanche rassemble 50 000 professionnels de santé contre la loi de santé. La ministre hérite de sobriquets peu flatteurs : « MST », « Marisol Toutbaigne »…
Cette exaspération médicale fera le jeu des syndicats les plus contestataires aux élections professionnelles (octobre 2015) mais n'empêchera pas la signature in extremis de la nouvelle convention.
Hasard du calendrier, Marisol Touraine fait ses cartons alors que la consultation de référence est passée à 25 euros, juste après le versement de la rémunération sur objectifs de santé publique (7 000 euros en moyenne par généraliste pour 2016) et la signature d'un accord interprofessionnel (ACI) qui octroie jusqu'à 73 000 euros par an aux maisons et centres de santé. « Après cinq ans de confrontation, le quinquennat se termine bien », résume le Dr Claude Leicher, président de MG France. Marisol Touraine a également acté l'avantage supplémentaire maternité permettant aux femmes médecins libérales de bénéficier d'une aide mensuelle jusqu'à 3 100 euros brut pendant trois mois.
Indéboulonnable à son poste, pilier du dispositif hollandais et garante du bilan social, Marisol Touraine aura été – avec Simone Veil – l'une des ministres de la Santé ayant la plus grande longévité. Et la plus forte impopularité dans le corps médical.
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