On connaissait les camions magasins, qui sillonnent les petits villages de province. Voici maintenant le Médicobus. C’est l’une des solutions envisagées dans l’Orne pour pallier la pénurie de médecins dans les zones rurales. Elle a été mise en place par la CPTS Orne-Est, l’URML de Normandie, l’ARS et la CPAM de l’Orne.
Chaque jour, cette camionnette entièrement équipée pour la consultation médicale par la société Dok’Ici fait halte dans plusieurs villages du Perche pour prendre en charge des patients sans médecin traitant (20 % de la population) ou dont le praticien habituel est absent.
Sept communes sont visitées au rythme d’une à deux par jour. Douze médecins se relaient à bord de la camionnette médicale du lundi au vendredi : des généralistes libéraux (dont deux parisiens qui font le déplacement dans le Perche !) et de jeunes retraités qui exerçaient déjà dans la région. Salariés, ils touchent 60 euros net de l’heure.
Un dispositif qui monte en puissance
Le dispositif, lancé il y a moins de quatre mois, monte en puissance, constate le Dr Jean-Michel Gal, à la fois président du conseil départemental de l’Ordre des médecins de l’Orne et de la CPTS Orne Est et l’un des généralistes qui assure les tournées du Médicobus. « Il a fallu se faire connaître auprès de la population, explique le généraliste de Mortagne-au-Perche. L’emplacement où se gare la camionnette est très important, par exemple. Il faut être vue de la population ! » Aujourd’hui, le Médicobus prend en charge jusqu’à plus de 25 patients par passage et la marge de progression est importante, estime le Dr Gal.
Le dispositif évolue en effet pour répondre à la demande. Depuis peu, le cabinet ambulant fait ainsi trois haltes par semaine dans un village où la pénurie médicale va s’accentuer avec le départ annoncé de deux médecins.
« On ne voulait pas être accusés de piquer la patientèle des médecins »
Il a aussi fallu faire une petite entorse au principe de départ. Auparavant, seuls les professionnels de santé (médecins, pharmaciens…) sollicités par un patient étaient en mesure de contacter le service de coordination des soins non-programmés qui se chargeait de recontacter le malade et de l’orienter soit vers une téléconsultation, soit vers un cabinet libéral, soit vers le Médicobus. « On ne voulait pas être accusés de court-circuiter les médecins en leur piquant la patientèle », justifie le Dr Gal.
Depuis le mois de décembre, plus besoin de passer par un professionnel de santé. Un numéro de téléphone mobile, diffusé directement aux patients et affiché sur la camionnette, donne accès à l’assistant médical du Médicobus qui alerte le service de coordination. « C’est beaucoup plus efficace, constate le Dr Gal. D’autant plus que certains professionnels ne jouaient pas le jeu et ne renvoyaient pas les malades vers le service de coordination… »
Des élus qui ne jouent pas toujours le jeu
Le généraliste regrette la frilosité de certains élus qui préfèrent miser sur le développement de centres médicaux employant des médecins salariés, alors que ces solutions sont complémentaires ,assure le dynamique Dr Gal.
Le médecin ne manque pas d’idées pour développer et rendre toujours plus opérationnel le fourgon médical. La télémédecine devrait faire son apparition dans le Médicobus pour mettre les malades en relation avec des spécialistes. Dans les prochains jours, il envisage aussi de prendre part au programme de vaccination contre le Covid. « Ça nous permettra de nous faire connaître auprès de la population et de booster le service, espère-t-il. « Ça ne peut que marcher ! », s’enthousiasme le médecin qui assure que les patients qui ont testé le Médicobus… y reviennent.
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