Éditorial

Merci Giscard ?

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Publié le 08/12/2020

Avec VGE, mort la semaine dernière à 93 ans, c’est une page qui se tourne pour la société française. Et même si l’ancien président avait quitté les affaires depuis longtemps, sa disparition est, pour le monde la santé aussi, l’occasion de s’interroger. 1974… Image d'un pays qui doute sur son modèle de croissance. Pour la première fois, sa Sécu est dans le rouge. D’une main, on décide de geler les honoraires de médecins libéraux furibards. De l’autre, on leur lâche le secteur 2, comme une soupape de décompression. Le tour de vis atteint aussi les cotisants. Pas moins de quatre plans d’économie se succéderont sous ce septennat, annonciateurs de nombreux autres, les décennies suivantes… Jusqu’à la pandémie actuelle, qui a fait redécouvrir sur le tard que la santé était un bien avant d’être un coût…

Las ! Les années Giscard nous ont tout de même – indirectement — légué une démographie médicale sous calibrée, inaugurant des années de malthusianisme sanitaire. L’invention du numerus clausus remonte à 1971, mais Simone Veil comme Jacques Barrot en firent un instrument de régulation drastique des effectifs médicaux. La suite, on la connaît, jusqu’aux premiers déserts au début des années 2000, et à la réforme en cours du 1er cycle des études médicales. La prise conscience est salutaire, mais tardive.

Dans cet inventaire des audaces des années 70, il faut mentionner la première loi anti-tabac, véritable tournant pour la santé publique. Et bien sûr la dépénalisation de l’IVG, après des années gaullistes où la majorité silencieuse imposait ses codes. De ce point de vue, aussi, Giscard aura été un précurseur. Cette loi Veil emblématique sera la première des grandes réformes de société menées par ses sucesseurs à l'Elysée, jusqu'à la PMA pour toutes en passe d'être adoptée. Pour beaucoup, ces évolutions impacteront le monde de la santé. Comme quoi, Giscard, s'il n'a pas été réélu, est tout de même passé à la postérité.

Jean Paillard