Michel Chassang : « Le corps médical s’est senti trahi »

Publié le 23/03/2010
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Crédit photo : S TOUBON

LE QUOTIDIEN – À compter du 12 avril, vous lancez un mouvement tarifaire notamment sur le C à 23 euros, le V à 33 euros et le C2 élargi. C’est le début d’un bras de fer avec le gouvernement ?

Dr MICHEL CHASSANG – Depuis 2007 et l’arrivée de ce gouvernement, la convention est totalement paralysée. Mais avant cette paralysie, nous avions signé avec les caisses un certain nombre de mesures tarifaires. Nous estimons que, pour crédibiliser le système, nos partenaires doivent honorer leurs engagements. Il y a deux hypothèses : soit on est parti dans un combat de longue haleine, soit l’arbitrage [conventionnel], avec l’aval du gouvernement, débloque la situation. Quant à notre opposition, elle ne date pas d’aujourd’hui : nous avons exprimé puis répété notre hostilité à l’orientation politique donnée dans le domaine de la santé depuis 2007, lors des PLFSS [projets de loi de financement de la Sécurité sociale], de la loi HPST [Hôpital, patients, santé et territoires], des premiers décrets…

N’est-il pas compliqué de lancer une guérilla tarifaire en période de crise ?

Ce n’est jamais le bon moment ! Je note au passage que ce n’est jamais le bon moment d’augmenter les médecins, de respecter les accords… Notre patience a des limites. Trop c’est trop, un médecin ça se respecte. Cela suffit de marcher sur les médecins, sur les partenaires conventionnels, sur les conventions. On dit stop. L’ensemble des généralistes disent stop mais aussi tout le corps médical libéral, les spécialistes, ceux qui font des astreintes en clinique…

Les mots d’ordre surgissent en ordre dispersé : offensive sur le CS et la MPC pour les uns, C à 23 euros pour la CSMF… Peut-on imaginer un mouvement syndical unitaire ?

Nous le souhaitons ! À condition que ce mouvement concerne tous les médecins, et pas seulement une catégorie, qu’il ne dresse pas une spécialité contre les autres. Ceux par exemple qui exigent qu’on dénonce notre signature de la MPC (majoration provisoire cliniciens de deux euros qui bénéficie à toutes les spécialités sauf la médecine générale) dressent les généralistes contre les spécialistes. Je note que, au-delà des consignes diverses, tous les mots d’ordre reposent sur un trait commun : le ras-le-bol du corps médical libéral.

Nicolas Sarkozy veut rencontrer les syndicats représentatifs. Quel geste d’apaisement réclamez-vous 

?

J’en vois plusieurs. Il y a d’abord l’inscription dans le règlement arbitral des mesures tarifaires symboliques dues aux médecins. Ensuite, Nicolas Sarkozy devrait, à la place de la commission Legmann qui réunit des anti-médecins libéraux notoires, prendre une initiative avec la profession qui permette un sursaut de la médecine libérale. Il faut aussi que le chef de l’État arrête de dire que si l’hôpital va mal c’est parce que la médecine de ville ne fait pas son boulot. Il faut enfin suspendre toutes les mesures vexatoires incluses dans la loi Bachelot qui humilient les médecins – déclaration d’absences, taxe sur les feuilles de soins, descentes des inspecteurs IGAS dans les cabinets…

Faites-vous un lien entre les résultats aux élections régionales et l’exaspération qui s’exprime chez les professionnels de santé libéraux ?

Très directement. Le corps médical s’est senti trahi par ce gouvernement. Se sentant trahi, il s’est exprimé dans les urnes. Il est temps pour les gouvernements de redresser la barre, de renverser la vapeur et donc de changer de politique. Le chemin poursuivi depuis 2007 est une voie sans issue.

À l’issue de son assemblée générale statutaire, le conseil confédéral de la CSMF a renouvelé son bureau national pour quatre ans. Outre le Dr Michel Chassang, réélu président, voici les principaux membres du bureau : Dr Jacques Niney, vice-président ; Dr Pierre Lévy, secrétaire général ; Dr Alain Prochasson, trésorier ; Dr Dominique Proisy, trésorier-adjoint ; Dr Michel Combier, président de l’UNOF ; Dr Jean-François Rey, président de l’UMESPE.

 PROPOS RECUEILLIS PAR C. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8735