Deuxième vague, le défi de la continuité des soins

À nouveau au front, les libéraux en quête d'accompagnement clair

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Publié le 06/11/2020
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Après une gestion de crise des autorités chaotique au printemps, les médecins libéraux abordent la seconde vague avec moins d'appréhension mais beaucoup d'exigences. 

Absence d'équipements de protection, manque de tests, déprogrammations arbitraires, communication désordonnée entraînant une désertion des cabinets libéraux… Durant la première vague de Covid, les dysfonctionnements ont été nombreux et la médecine de ville a dû improviser avec les moyens du bord.

Aujourd'hui, les libéraux affichent leur la volonté d'assurer la continuité des soins et de tirer les leçons du premier confinement. « Pas question de rééditer les erreurs de la première vague, marquée par un excès d’hospitalo-centrisme », résume le SML.  

Points positifs : plusieurs demandes ont été entendues. Les téléconsultations par téléphone sans transmission vidéo sont rétablies et de nouveau remboursées pour certains patients. Il a été demandé aux ARS, en lien avec la CNAM, d'être à l'écoute des praticiens libéraux dans le déploiement des centres Covid, équipes mobiles et dispositifs ad hoc de permanence des soins. Côté dépistage, les médecins de ville (mais aussi les infirmiers et pharmaciens) ont accès aux tests antigéniques pour lesquels ils pourront percevoir jusqu'à 76 euros en cas de positivité. Autre signal favorable, un amendement du gouvernement au projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS, en discussion au Parlement) ouvre la voie pour tous les libéraux à des indemnités journalières maladie sans délai de carence (et non au bout de 90 jours). 

Davantage d'écoute

« Nous avons des masques et cette fois le gouvernement n'a pas dit aux patients de rester chez eux et de ne plus aller chez leur médecin ! On sent davantage d'écoute du ministère de la Santé, et une mise en œuvre un peu plus rapide », se félicite le Dr Corinne Le Sauder, à la tête de la FMF. « Il y a un effort de recherche de solutions communes et une approche plus concertée par rapport à la première fois, même si nous ne sommes pas d'accord sur tout », abonde le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Des réunions tripartites (ministère, CNAM et syndicats) se tiennent toutes les semaines. Le SML a pressé le gouvernement de multiplier les messages aux patients pour les inciter à poursuivre leurs prises en charge – en particulier ceux en ALD et les chroniques. 

Autre amélioration, la participation des cliniques, salue le Dr Franck Devulder, patron de la branche spécialiste de la CSMF. « Elles avaient été oubliées au début de la crise sanitaire, aujourd'hui on sent bien que c'est moins le cas », juge le gastro-entérologue.  

Pas de déprogrammations systématiques

Pour autant, tout n'est pas réglé, loin s'en faut. Les spécialistes libéraux exerçant en clinique alertent déjà sur de nouvelles déprogrammations injustifiées. « Lorsqu'elles sont nécessaires à la santé publique, je ne m'y oppose pas. Mais elles doivent être aux mains des médecins, dans le cadre d'une cellule de crise, afin d'évaluer les bénéfices et risques d'une telle décision pour les patients, recadre le Dr Devulder. Les déprogrammations administratives ne sont pas admissibles. »

Sur la même ligne, l'union syndicale Avenir Spé-Le BLOC appelle au maintien de l'activité chirurgicale « pour les interventions ne nécessitant pas le recours aux unités de surveillance continue »« Les cliniques sans réanimation doivent pouvoir continuer à faire des interventions, et même les autres, en cas d'intervention indispensable, ajoute le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Il y a plein de chirurgies que l'on peut désormais faire en locorégional. »

Compensations ?

Hors établissements, les libéraux souhaitent faciliter les prises en charge en ville pour les patients dont l’hospitalisation est évitable, en coordination avec les infirmiers et pharmaciens. Les syndicats demandent à pouvoir utiliser l’oxygénothérapie, le midazolam, le clonazépam ou le paracétamol injectable. Les autorisations sont en passe d'être accordées pour ces deux derniers, assure la FMF.

Enfin, les libéraux anticipent une nouvelle perte de chiffres d'affaires et réclament un retour du mécanisme de compensation des charges. Quant aux médecins libéraux qui s'engagent à nouveau dans des centres Covid sous forme de vacations, ils devront être rémunérés rapidement et en bonne et due forme, ce qui n'avait pas toujours été le cas pendant la première vague. 

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin