Il faut « augmenter les prérogatives » des 750 000 infirmières du pays pour « aider les médecins à répondre au défi de l'accès aux soins, éviter les ruptures de prise en charge et soulager les tensions hospitalières », a plaidé mardi la Fédération nationale des infirmiers (FNI), principal représentant des infirmiers libéraux.
« Nous demandons l'accès au statut de profession médicale à compétence définie pour tous les infirmiers », a déclaré Daniel Guillerm, président de la FNI lors d'une conférence de presse, ajoutant que ces prérogatives pourraient s'obtenir « assez rapidement » par « la validation des acquis de l'expérience et la formation continue ». Pour la Fédération, s'appuyer davantage sur les 135 000 infirmières libérales, « réparties à peu près uniformément au niveau du territoire national et sur le pont du lundi au dimanche », permettrait de « fluidifier le parcours patient ».
S'attendant désormais à des réactions « épidermiques » de certaines organisations de médecins, Daniel Guillerm assure vouloir « sacraliser le diagnostic médical ». « Les infirmiers n'ont pas le niveau d'études ni les compétences d'un médecin », tempère-t-il, tout en mettant en avant les atouts de la profession « pour aider les médecins à répondre aux difficultés d'accès aux soins dans les territoires ».
Le ministère planche sur le sujet
« Dès lors que le diagnostic médical est posé, le suivi des patients peut faire l'objet de partage de compétences avec le corps médical », a-t-il plaidé.
Les infirmiers pourraient par exemple avoir la possibilité d'adapter, en fonction des derniers examens, les traitements de patients souffrant de pathologies chroniques, de pouvoir, sans prescription médicale, réhydrater un patient par perfusion lors des canicules, voire de pallier l'absence des médecins le soir et le week-end en assurant des consultations d'urgence en ville. Certaines de ces compétences comme l'adaptation de traitements sont déjà des prérogatives des infirmiers de pratique avancée (IPA).
Pour autant, le syndicat estime que les deux ans d'études supplémentaires que requiert la pratique avancée – en plus du diplôme d'infirmier, soit un niveau Master – « ne suffiront pas à répondre au défi » auquel fait face notre système de santé. « Il faut faire acquérir des compétences à toute la chaîne de soins », estime son président.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé le 20 janvier l'ouverture de discussions sur le décret encadrant les compétences des infirmiers « dans les toutes prochaines semaines ». Le ministre avait notamment ciblé le management pour « piloter des équipes et monter des projets », des compétences universitaires pour « progresser dans l'harmonisation des pratiques et des protocoles », voire des compétences médicalisées.
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