L'histoire serait presque risible si elle n'entraînait pas de graves conséquences pour une généraliste d'Ile-de-France. En janvier dernier, le Dr Nadine Aymé, omnipraticien aux Mureaux (Yvelines), cède son cabinet à une consœur et part s'installer à Houdan, dans le même département. Pour aider cette jeune consœur, et en accord avec l'Ordre départemental, elle signe avec elle un contrat de collaborateur libéral pour cinq mois, jusqu'à la fin du mois de mai.
Nadine Aymé se retrouve donc avec deux numéros Adeli, le numéro principal pour les Mureaux, et un numéro secondaire pour Houdan.
Mais le 1er juin, la CPAM des Yvelines l'appelle. La caisse lui explique que Houdan étant devenu son cabinet principal, elle a clôturé son numéro Adeli secondaire (celui de Houdan) pour lui réattribuer celui des Mureaux. Cette décision lui est à nouveau notifiée par courrier du 19 juin.
« Naïvement », le Dr Aymé demande à la responsable de la caisse si elle va fusionner les bases de données des deux numéros Adeli. « Elle m'a répondu par un long silence qui laissait penser qu'elle n'en savait rien », raconte le Dr Aymé. La généraliste lui demande instamment de ne pas fermer dans l'immédiat son Espace pro secondaire afin de pouvoir faire le point sur ses nouveaux patients de Houdan (700 environ).
De Charybde en Scylla
Mais dès le 4 juin, plus d'Espace pro. Pire, au mois d'août, ses 700 patients reçoivent un courrier de la CPAM les informant que leur « médecin traitant a mis fin à son activité le 1er juin 2017. Afin de conserver les avantages liés au respect du parcours de soins, je vous invite à me faire parvenir une nouvelle déclaration de choix du médecin traitant ».
« Et là, tout s'enchaîne », poursuit le Dr Aymé. Des patients appellent pour savoir ce qui se passe. À d'autres, la Sécu refuse de rembourser la totalité des frais d'hospitalisation faute de médecin traitant officiellement déclaré. Le tout dans un silence assourdissant de la caisse primaire, manifestement dépassée par les événements. « Il n'y avait plus de pilote dans l'avion, se remémore Nadine Aymé, personne à la caisse n'était capable de régler le problème. »
Condamnée à travailler à l'aveugle
Sans Espace pro, la généraliste doit se débrouiller toute seule. Un temps administratif multiplié par 4 pour repasser les cartes Vitale des patients au fur et à mesure où ils se présentent, impossibilité de retrouver les justificatifs des tiers payant, un surcoût important lié aux nombreux appels de ses patients, alors que la généraliste dispose d'un secrétariat extérieur qui facture chaque appel, disparition de ses données relatives à la ROSP, etc.. Bref, le Dr Aymé navigue à l'aveugle et le problème n'est toujours pas résolu, malgré ses innombrables relances. À bout de solution, la généraliste s'est tournée vers la FMF pour obtenir une assistance.
Nadine Aymé demande à tout le moins que la CPAM lui remette en fonction son Espace pro de Houdan, et qu'un courrier d'excuses soit adressé à chacun de ses patients. Faute de quoi, elle envisage de porter plainte.
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