C'est sous le soleil de Dijon, en plein vignoble de Bourgogne, au cœur du domaine du Château de Marsannay, que l'UFML-Syndicat organisait ce samedi sa « première estivale ». Son président, le Dr Jérôme Marty, a justifié ce choix avec humour mais aussi gravité dans son discours d'ouverture, devant une centaine de cadres libéraux de toute la France. « Quand tout va mal, il faut se rapprocher des valeurs terriennes et quoi de mieux que la vigne ? a avancé le généraliste de Fronton. Nous avons beaucoup de points communs avec les vignerons qui savent ce qu’est le risque, l'adaptation, le poids de l'administration, le danger de ne plus être maître de son avenir ».
Volonté de construction
Après avoir créé la surprise lors des dernières élections professionnelles (2021) en obtenant un solide score (environ 17 % des voix dans chaque collège), le syndicat désormais représentatif, et qui participera donc aux prochaines négociations conventionnelles, entend accroître la pression sur les tutelles en préparant pour novembre... des assises du déconventionnement.
Pourtant, l'UFML-Syndicat veut démontrer qu'il n'est pas l'organisation « irrespectueuse, ultralibérale » que certains présentent. « Nous avons la volonté de construction, chevillée au corps. Mais construire ne veut pas dire tout accepter ! », recadre le Dr Marty. Et parmi ses priorités figurent à cet égard la consolidation des liens entre libéraux, hospitaliers et même avec l'Ordre des médecins, une « interface indispensable ». L'UFML-S s'enorgueillit à cet égard de compter dans ses rangs des hospitaliers et de porter son combat central pour l'indépendance professionnelle avec d'autres soignants.
Éviter les logiques concurrentielles
Ces relations à consolider ont fait l'objet d'une session ce samedi matin. Dans le contexte actuel de crise des urgences et de pénurie médicale, le Dr Marty prévient que le système de santé devra marcher sur ses deux jambes — offre hospitalière mais aussi médecine libérale forte et donc valorisée. « Pour sauver le "soldat santé", on doit garder les deux modes d'exercice. Les jeunes réclament la mobilité et on doit être des facilitateurs. Gare à la logique concurrentielle, les ressources humaines ne sont pas inépuisables. Or, il risque d'y avoir une volonté de flécher ces ressources humaines vers un seul secteur, ce qui aggraverait les déserts médicaux ».
Invités de l'université d'été de l'UFML-S, deux médecins hospitaliers, les Prs Patrick Ray (urgentiste) et Olivier Facy (chirurgien digestif) du CHU de Dijon, mais aussi le Dr Jean-Christophe Masseron, généraliste et président de SOS médecins, ou encore le Dr Jacques Maître, vice-président de l'Ordre régional, partagent tous cette volonté de coopération ville/hôpital accrue, même si des difficultés persistent. « L'interaction avec la médecine générale libérale ressemble toujours au monde d'avant, plus difficile d'accès, même si nous avons l'impression de faire des efforts pour lever des barrières », témoigne le Pr Facy.
Idem pour le patron du service des urgences. Le Pr Ray reconnaît qu'à son niveau, « le monde d'après n'est pas très différent de ce qui se passait avant la crise », en matière de relations entre libéraux et hospitaliers. Partisan d'une politique des petits pas, il se dit favorable à ce que des praticiens du privé travaillent aux urgences pour instiller une culture différente et sortir de l'hospitalocentrisme français.
Des idées mais pas assez de moyens
La crise des urgences et des soins non programmés pourrait accélérer les coopérations. Patron de SOS Médecins, le Dr Jean-Christophe Masseron fait valoir que son organisation libérale est déjà impliquée dans les services d'accès à soins (SAS), en partenariat avec les services d'urgences. « Nous donnons déjà des coups de main aux urgentistes. Mais je crains toujours qu'on oublie un peu le versant libéral qui a plein d'idées pour aider l'hôpital, à condition d'avoir des moyens ».
Se positionnant plutôt au-dessus de la mêlée, le Dr Jacques Maître, ancien gastroentérologue libéral, reconnaît qu'il persiste parfois une rivalité entre les deux mondes. Mais l'Ordre, souligne-t-il, est là pour représenter la profession dans son ensemble. Dernièrement, relate-t-il, l'instance est montée au créneau pour demander l'annulation de deux décrets jugés contreproductifs pour l'attractivité de l'exercice à l'hôpital. Le Dr Marty insiste : « Il y a urgence. On n'a plus le temps de se regarder le nombril. Montrons à la sphère politique qu'on peut avancer ensemble ».
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