Pourquoi les généralistes n’auraient pas du être mis à l’écart

Publié le 22/04/2010
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POURQUOI les Français n’ont-ils pas mieux adhéré à la campagne de vaccination ? La réponse apportée par une enquête de l’INSERM, menée en novembre auprès d’un échantillon représentatif de 2 253 personnes âgées de 18 à 64 ans interrogées par Internet, confirme l’erreur qu’a été la mise à l’écart des généralistes.

L’étude, dont les résultats sont publiés par « PLoS One » (21 avril), a été réalisée du 17 au 25 novembre, soit douze semaines après le début de l’épidémie et une semaine avant le pic pandémique.

Seulement 17 % des personnes interrogées sont alors déjà vaccinées ou avaient l’intention de le faire. Pour la majorité, la menace que représente la grippe pandémique n’apparaît pas comme sérieuse, d’autant que 12,7 % à peine rapportent un cas dans leur entourage. Les doutes sur la sécurité du vaccin et l’absence des effets secondaires sont en revanche largement partagés : ce sont les deux principales raisons invoquées pour ne pas se faire vacciner, par plus de deux tiers des non-vaccinés. « Les messages sanitaires sur le risque pandémique ont été contrebalancés par le vécu rassurant de la grippe au quotidien alors que la crainte éventuels du vaccin était la principale préoccupation », commente Jean-Paul Moatti, directeur de l’unité 912 Sciences économiques et sociales, systèmes de santé, société (MARSEILLE), qui a mené l’étude.

Cette contradiction – l’étude parle de « dissonance » – aurait pu être surmontée si les généralistes avaient été appelés à jouer un rôle dans la campagne au lieu d’en être écartés. L’acceptabilité de la vaccination est en effet fortement liée à sa recommandation : près de 60 % des personnes ayant reçu une recommandation médicale en faveur de la vaccination se déclaraient prêtes à se faire vacciner, contre 11 % en l’absence de recommandation du médecin traitant. Sachant que 75 % des participants à l’enquête avaient consulté leur généraliste au cours des six mois précédents, « on peut rapidement comprendre le rôle d’information important que les généralistes peuvent jouer dans ce type de pandémie », soulignent les chercheurs.

Un élément de l’étude apparaît quoi qu’il en soit relativement rassurant en terme de santé publique : les femmes enceintes et les autres groupes à risque de complications liées au virus H1N1 exprimaient une acceptabilité plus forte de la vaccination : 40 % de ces personnes étaient déjà vaccinées ou avaient l’intention de le faire.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8756