PARENT PAUVRE de la formation initiale des médecins en France, la pharmacovigilance préoccupe de plus en plus les professionnels en exercice. Les récents épisodes de la grippe A, du Mediator et la mise sous surveillance de 77 médicaments par l’AFSSAPS accroissent l’intérêt des médecins sur le sujet.
Les formations continues conventionnelles proposées aux médecins libéraux ne comprennent pour l’heure aucun thème spécifique sur la question de la responsabilité de la prescription. Selon le rapport d’activité 2009 de l’organisme gestionnaire conventionnel (OGC), les médecins suivent cependant de nombreuses actions sur le bon usage du médicament. Alors que le taux de remplissage moyen des actions de FPC est de 66 %, ces formations liées aux médicaments rencontrent un certain succès. Les sessions relatives à la prescription des antiagrégants plaquettaires (87 %), des médicaments génériques (86 %), des anxiolytiques et des hypnotiques (76 %), des anti-hypertenseurs (71 %) des statines (68 %) et des antibiotiques (67 %) attirent les médecins. La prévention de l’iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées (65 %) et surtout la prescription des inhibiteurs de la pompe à proton (49 %) sont moins suivies.
Situation délicate.
Le Dr Bernard Ortolan, président de l’ACFM, association de formation continue affiliée à la CSMF, constate que les médecins sont aujourd’hui davantage à la recherche d’actions ciblées sur la question de la responsabilité du prescripteur. « La mise sous surveillance de 77 médicaments par l’AFSSAPS pose un vrai problème aujourd’hui pour gérer les consultations car certains de ces médicaments sont d’usage courant en médecine générale et spécialisée, explique le Dr Ortolan. Cela soulève la question de la responsabilité médicale, de la gestion des risques, des plaintes des patients et cela met parfois le médecin dans une situation délicate ». Le Dr Ortolan précise que son association a ouvert l’an dernier une formation particulière sur la gestion de la plainte de patients, l’objectif étant de réduire le risque de la prescription. Ouverte à toutes les spécialités, cette formation a rencontré un franc succès auprès des présidents de CME et des généralistes et sera dupliquée dans 8 régions. « Les médecins se posent des questions sur la protection de leur activité », ajoute le responsable associatif. De son côté, le Dr Pierre-Yves Lussault, président de l’AFML, association de formation affiliée au SML et président du Fonds d’assurance formation de la profession médicale (FAF-PM), est persuadé qu’il « est du devoir des responsables d’association de faire des propositions d’actions spécifiques sur le bon usage de la prescription ». « Si l’on veut que ces accidents de prescription aboutissent à un changement de comportements, cela doit passer par la formation en la matière », indique le médecin.
À l’hôpital, des formations spécifiques sur les protocoles thérapeutiques propres à des pathologies sont proposées aux médecins. « Staffs, journées d’études, la formation est permanente pour les médecins hospitaliers qui n’ont attendu ni la FMC ni le DPC pour se former », clame le Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH, qui regrette l’exploitation politique de l’affaire Mediator pour poser la question de la formation des médecins.
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