Les pharmaciens d’officine peuvent dès aujourd’hui renouveler des traitements ou adapter le cas échéant des posologies, sous la casquette de « pharmacien correspondant ». Ce statut est concrétisé par la publication d’un décret le 30 mai au Journal Officiel. « Nous l’attendions depuis 2011 », se réjouit Pierre-Olivier Variot, président de l’Union syndicale des pharmaciens d’officine (USPO). Voté initialement dans le cadre de la loi Hôpital patients santé territoires (HPST dite loi Bachelot), le pharmacien correspondant avait été réintégré dans la loi 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé.
En pratique, un patient pourra désigner directement auprès de l'Assurance-maladie son pharmacien correspondant (pharmacien titulaire d'officine, gérant d'une pharmacie mutualiste ou de secours minière), via un formulaire CERFA, similaire à celui du médecin traitant. Le pharmacien sera en mesure – après accord du médecin traitant – de renouveler périodiquement un traitement chronique ou d’adapter les posologies, pour une durée maximum de 12 mois.
Mention sur la prescription médicale
« Le protocole est toujours défini en amont par le médecin traitant, il devra indiquer sur l’ordonnance cette possibilité pour le pharmacien de renouveler ou les posologies précises à ajuster. Par exemple, en cas de baisse de la tension pour une prescription d’antihypertenseur », détaille Pierre-Olivier Variot.
Cette délégation de tâches reste limitée. Elle ne peut s'opérer que dans le cadre d’un exercice coordonné au sein d'une maison de santé, d'un centre de santé, d'une CPTS ou d'une équipe de soins primaires. « Et toujours dans l'optique d'un couple médecin/pharmacien qui se retrouve autour d'un patient », ajoute l'officinal. Le projet de santé du dispositif auquel participent le pharmacien correspondant et le médecin traitant définit les modalités d'information du praticien, notamment en cas d'ajustement de la posologie, peut-on lire dans le décret.
L'ensemble des maladies chroniques sont, pour l’heure, concernées. « Il était prévu qu’une liste de traitements soit publiée, mais nous n’en avons pas entendu parler pour l’instant. Donc actuellement, il n’y a pas de limitation dans les traitements que peut renouveler ou adapter le pharmacien correspondant », précise le président de l’USPO, qui se félicite de cette reconnaissance de l’expertise du pharmacien.
Le décret prévoit tout de même que le ministre de la Santé puisse « fixer par arrêté, pour des motifs de santé publique, une liste des traitements non éligibles. »
Un champ qui s'accroît…
Cette nouvelle évolution du périmètre de compétences des officinaux se concrétise quelques jours seulement après l'entrée en vigueur du « pharmacien prescripteur », dans le cadre de la délivrance protocolisée. Une réforme qui autorise cette fois le pharmacien d’officine à délivrer des médicaments normalement sur prescription médicale obligatoire, pour certaines pathologies présentées comme bénignes – comme des cystites aiguës ou des angines.
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre
Mélanie Heard (Terra Nova) : « Une adhésion massive des femmes à Kamala Harris pour le droit à l’avortement »
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique