C'est la traduction française du concept anglo-saxon de « santé communautaire », une approche qui vise à encourager la promotion de la santé au sein d'une population locale.
Ainsi, des « centres et maisons de santé participatifs » ont fait l'objet d'une expérimentation lancée en août dernier par le ministère, dans le cadre des dispositifs dérogatoires prévus par l'article 51 du budget de la Sécu 2018 sur l'innovation en santé. « Cet appel à projet, il faut absolument qu’on l’ait ! », se souvient avoir réagi Maxime Bertolini, coordinateur du pôle de santé interprofessionnel de Saint-Martin-d’Hères (PSIP-SMH), au sud de Grenoble. Et de fait, depuis mars, cette structure iséroise a pu intégrer l'expérimentation avec 19 autres alors que le dispositif ne comptait, jusqu’à présent, que les six pionnières qui avaient participé à l’élaboration du cahier des charges.
Avec un budget de 30 millions d'euros, le gouvernement vise même 60 structures de ce type « pour la prise en charge des populations des territoires défavorisés ». Petite révolution : des non personnels de santé sont rémunérés par l’Assurance-maladie, pour de « l’aller-vers », des espaces de paroles et de médiation en santé. Un cadre bienvenu pour le pôle de santé isérois et sa soixantaine de soignants – dont 14 médecins – qui prennent en charge 10 000 patients. « Jusqu’à présent, le seul financement garanti dont nous disposions était l’accord conventionnel interprofessionnel, à hauteur de 135 000 euros par an », indique Maxime Bertolini.
Démocratie sanitaire
Les autres ressources étaient plus aléatoires, renouvelées d'une année sur l'autre, au gré des appels à projets. Or, « nous avons toujours plus de demandes au niveau des écoles [une centaine d’interventions annuelles sont menées, NDLR]. Mais pour des problèmes comme ceux des écrans par exemple (harcèlement, pornographie…), il faut agir sur le temps long, du primaire jusqu’au collège », explique le coordinateur.
Le pôle de santé consacre un tiers de ses 300 000 euros de budget annuel aux postes de coordination et de médiation. Avec l'entrée dans l'expérimentation, ceux-ci vont pouvoir être pérennisés et le pôle pourra, en plus, financer sept équivalents temps plein, pour un montant de 55 000 euros chacun. L’embauche d’un nouveau médiateur en santé et d’un coordinateur prévention est prévue. Ce dernier devra, en particulier, s’atteler à un projet abandonné en 2017, faute de moyens humains : la « démocratie sanitaire », une démarche qui vise à identifier des « patients partenaires » associés au projet de santé de la structure.
« Notre quotidien devrait être plus efficient, estime la Dr Pauline Girard, généraliste dans l’un des cabinets du pôle de santé, avec la prise en charge des soins psychologiques, qui prend du temps sans que nous en ayons la formation. Pour les allophones, l’interprétariat facilitera aussi la prévention, tâche annexe qui passait à l’as. » Sans compter les soins hors consultation « via le paramédical, aujourd’hui pas ou mal reconnu. Nous devrions, à terme, avoir moins de demandes, si des questions posées chez le généraliste faute d’information trouvent des réponses ailleurs : dans une discussion de groupe entre parents, par exemple pour la fièvre d’un enfant. »
Évaluation
L'ensemble des structures de l’expérimentation décideront de manière collective des critères d’évaluation. Une volonté signifiée par celles qui avaient déjà travaillé sur le cahier des charges de la santé participative, dont le « Village 2 santé ». « Il y a eu une vraie écoute de nos besoins, y compris sur la prise en charge financière », souligne Benjamin Cohadon, coordinateur de ce centre de santé situé à Échirolles, autre banlieue grenobloise. Mais il reste prudent. « Cette expérimentation intelligente ne doit pas cacher la désertion des services publics que l’on voit. Et il ne faudrait pas que l’on se substitue à ce qui dysfonctionne. »
Le mois dernier, les pionniers de l'expérimentation regrettaient que celle-ci ne soit prévue que pour 60 projets, un chiffre faible au regard des « 1 514 quartiers en politique de la ville dont 86 % ne disposent d'aucune structure de soins de premier recours ».
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