Si des représentants des agents de la fonction publique hospitalière, des praticiens hospitaliers et des étudiants et internes en médecine ont signé lundi 13 juillet trois accords dans la foulée du Ségur de la Santé, ce n'est pas fini pour autant et les récentes annonces de revalorisations des salaires à l'hôpital ne doivent pas être considérées comme un « solde de tout compte », a indiqué ce mardi 14 juillet le ministre de la Santé Olivier Véran.
Après six semaines essentiellement focalisées sur l'hôpital public (et le volet carrières et rémunérations, principal enjeu des discussions), le Ségur de la santé est pour l'instant inachevé sur les autres sujets de réflexion, en particulier celui relatif aux territoires.
Bloqués au stade des « recommandations »
Pour l'instant déçus, les médecins libéraux sont toujours dans l'attente d'annonces et d'arbitrages financiers, qui pourraient, selon nos informations, avoir lieu d'ici la fin de la semaine. Malgré la tenue d'une réunion hebdomadaire depuis le lancement du groupe de travail, le 4 juin, les professionnels jugent encore bien flou le programme qui attend la ville et déplorent l'aspect trop général des discussions qui ont couru pendant plus d'un mois, parfois dans une ambiance chaotique et sans document de travail en bonne et due forme.
D'une feuille de route évoquant le financement de l'exercice coordonné, la définition des territoires concernés et le financement des outils de coopération, les négociations lors de la séance de clôture vendredi dernier ont, de sources syndicales, abouti aux « recommandations » à concrétiser suivantes : forfaits pour le suivi des pathologies chroniques, dotation populationnelle, participation des libéraux à la gouvernance des hôpitaux de proximité, outils numériques, service d'accès aux soins (SAS) avec organisation départementale.
« Nous attendons tous de savoir combien le gouvernement va mettre sur la table, souligne le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. L'hôpital a obtenu 8 milliards d'euros en tout dont 450 millions pour les médecins hospitaliers. Du côté des soins de ville, il y a eu une sous-exécution du budget de 4 milliards d'euros, je pense donc qu'il y a une marge de manœuvre à trouver. » Pas d'accord à signer tout de suite en revanche pour les libéraux, qui devraient négocier dès septembre avec l'assurance-maladie.
Lundi, lors de la présentation des accords conclus à Matignon, le ministère de la Santé a indiqué qu'un travail « consensuel » avec « des points de convergence » a été fait autour du quatrième pilier sur les territoires, et notamment le lien entre la ville et l'hôpital, réforme « déjà amorcée avec le plan Ma santé 2022 ». « L'enjeu est ici d'aller plus vite, plus loin, plus fort », assurait le ministère, sans aller plus loin.
De nouvelles mesures « non salariales » sur l'organisation de l'hôpital (lits, personnel, temps de travail, formation) pouvant par rebond avoir un impact sur l'organisation des soins de ville doivent également être annoncées « la semaine prochaine », a indiqué Olivier Véran mardi lors d'un déplacement au SAMU de l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP,Créteil).
« Partir des territoires »
Lors de son discours de politique générale, tenu ce mercredi 15 juillet à l'Assemblée nationale, le premier ministre Jean Castex a enfin indiqué que c'est « en partant des territoires » que le gouvernement entend « progress[er] sur le sujet de l’accès à un médecin de ville ». « Il faut évidemment attirer davantage de médecins dans nos territoires, il faut surtout permettre à ceux qui y exercent déjà de travailler autrement, avec moins de charges administratives et plus de temps médical, et ainsi pouvoir suivre davantage de patients, a-t-il développé. Il faut aussi développer la télémédecine qui a connu un essor spectaculaire pendant la crise du Covid. »
Le nouveau locataire de Matignon a annoncé « six milliards de soutien supplémentaire en investissements pour notre système de santé » en plus des 8 milliards dégagés dans les accords de la santé et des 13 milliards de reprise de la dette hospitalière.
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