Malgré 250 000 porteurs de l’hépatite B chroniques, et 1 300 décès dus à la maladie chaque année en France, seul un tiers (34 %) des médecins généralistes « proposent systématiquement » le vaccin anti-hépatite B aux adolescents non-vaccinés, selon une enquête publiée ce mardi dans le Bulletin Épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS), édité à l’occasion de la journée mondiale contre l’hépatite.
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D’après le Dr Christine Jestin, de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), coauteur de l’enquête, les médecins qui ne proposent pas systématiquement la vaccination aux adolescents présentent souvent les mêmes caractéristiques : « Ils sont plus âgés, ce sont plus souvent des hommes, ils sont installés dans un cabinet individuel, ils sont plus isolés et ont peut-être moins de jeunes dans leur patientèle, ils suivent moins de formation continue, ils ont une activité moins importante que ceux qui y pensent systématiquement et pour qui c’est une sorte d’entraînement, note l’experte en santé publique. C’est des caractéristiques qu’on retrouve finalement à chaque enquête, quel que soit le vaccin étudié ».
Ces résultats font en effet partie d’une enquête plus générale sur les attitudes des généralistes face à plusieurs vaccins recommandés, publiée au mois de juillet dans la revue « Ebiomedecine ».
Des circonstances plus ou moins appropriées
Le Dr Jestin estime que, dans la plupart des cas, il s’agit d’un problème de circonstance plutôt qu’un évitement délibéré du sujet. En effet, dans l’étude, la majorité des médecins généralistes ont répondu être confiants dans la sécurité du vaccin contre l’hépatite B.
« Je pense que ce n’est pas toujours facile pour un généraliste de penser à la vaccination et d’aborder ce sujet quand les jeunes viennent pour une tout autre cause – une angine, une bronchite... Il y a des circonstances dans lesquelles il est plus facile d’aborder la vaccination : les certificats de rentrée, les certificats d’aptitude au sport, le point avant de partir en voyage, par exemple. »
Par ailleurs, les médecins généralistes rapportent devoir faire face à énormément de questions de la part des patients, et de ne pas toujours se sentir à l’aise pour y répondre. Dans ce cadre, l’experte rappelle que l’INPES a publié en 2014 un argumentaire type destiné aux professionnels pour répondre aux questions des patients.
1 sur 10 ne le propose jamais
Parmi les 1 583 généralistes interrogés pour cette étude, menée par téléphone entre avril et juillet 2014, un médecin sur dix avoue ne « jamais » proposer le vaccin aux adolescents non-vaccinés. Un généraliste sur dix a évoqué des doutes sur la sécurité du vaccin, jugeant son lien avec la SEP « assez probable » (9,2 %), voire « très probable » (2,5 %).
Selon les auteurs, cette suspicion est surtout partagée par les médecins « déclarant pratiquer l’homéopathie » ainsi que par ceux exerçant dans le sud-est de la France.
Côté nourrissons, des résultats plus encourageants
Une bonne nouvelle cependant, une autre étude dans le BEH montre une forte progression de la vaccination contre l’hépatite B chez les nourrissons. En 2014, 92,1 % des nourrissons âgés de 6 mois avaient débuté une vaccination – Une progression spectaculaire depuis 2008, année de l’admission du vaccin au remboursement.
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