Qu’il est devenu difficile de parler calmement du médicament en France. Sur ce terrain, hors des passions et des positions extrêmes, point de salut. Après des lustres d’adoration béate, la gélule – et avec elle ceux qui l’expertisent et la valident, ceux qui la fabriquent, ceux qui la prescrivent, ceux qui la vendent... – est devenue un objet diabolique. Ses consommateurs sont ses victimes.
En 2012, la pharmacopée est un fléau de santé publique. Vous l’avez entendu la semaine dernière sur les stations de radio, découvert dans les JT, lu en couverture de certains magazines : « Un médicament sur deux est inutile, voire dangereux. »
Qui le dit ? Les Prs Bernard Debré et Philippe Even. Des sommités pour le grand public qui, à la lecture de leur « Guide » de 900 pages, leur accorde bien volontiers le bon Dieu sans confession. Le bon Dieu ? C’est en l’occurrence le statut d’« expert ès 24 classes pharmaceutiques », ce qui, on en conviendra, paraît un peu beaucoup pour un seul homme. Cet homme serait-il deux professeurs émérites – que rien, dans leur carrière, ne paraît avoir préparés à une connaissance fine de la pharmacologie.
Ni ange ni démon, le médicament mérite dix mille fois mieux que cela. Les amalgames, les raccourcis, les jugements à l’emporte-pièce… ne serviront la cause de personne. Le bruit et la fureur doctement entretenus par les Zorro autoproclamés sont une calamité.
Le débat se poursuit sur lequotidiendumedecin.fr.
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