87 000 e-prescriptions rédigées par les médecins, plus de 12 000 transmises à la CNAM par les pharmacies et un bon accueil général : les premiers retours des sept premiers mois d'expérimentation de l'e-prescription sont prometteurs.
Inscrite dans la loi de santé d'Agnès Buzyn, service « socle » du numérique en santé, la prescription électronique est expérimentée en ville depuis juillet 2019 dans les départements du Maine-et-Loire, de la Saône-et-Loire et du Val-de-Marne – l'objectif étant la généralisation à l'horizon du quinquennat. Dans le premier bilan dont « Le Quotidien » a pris connaissance, 63 praticiens (généralistes et spécialistes) et 48 pharmacies ont été équipés par l'un des six éditeurs de logiciels retenus (Cegedim, Compugroup, Imagine Éditions, Pharmagest, SmartRX et Everys).
En pratique, le praticien rédige l'ordonnance numérique depuis son module LAP (logiciel d'aide à la prescription) qui génère un numéro unique de prescription. La solution repose à ce stade sur une prescription papier incluant un QR Code (contenant les identités du médecin et du patient), scanné par le pharmacien expérimentateur, ce qui permet d'extraire l'identifiant unique et de récupérer les données. La dispensation est effectuée avec ou sans substitution, avant transmission à la Sécu. Si le logiciel est DMP compatible, le médecin y enregistre la prescription.
Pour l'instant, seuls « 17 % » des prescriptions rédigées par les médecins (enregistrées) ont été effectivement délivrées en officine. La raison ? Les patients ne choisissent pas forcément la pharmacie « binôme » du médecin testeur et se rendent dans une officine non équipée. Mais lorsqu'il se présente dans une pharmacie « testeuse », le prescripteur est informé des produits délivrés. « C'est très intéressant car parfois le médecin prescrit cinq médicaments mais seulement deux sont délivrés, parfois il est question de rupture de stock et de substitution et le médecin n'a jamais été mis au courant », précise le Dr Claude Bronner, généraliste et vice-président de la FMF.
QR codes et mentions légales
La simplicité d'utilisation est globalement au rendez-vous. « De manière générale, les professionnels n'ont pas constaté d'incident ayant impacté leurs activités », peut-on lire dans ce bilan. Les praticiens engagés saluent la « prise en main facile », « fluide », qui « ne change pas la façon de prescrire », « le retour d'informations sur les délivrances », « la limitation du nombre de clics » ou « la bonne intégration au logiciel métier ». Quelques bugs ont été signalés par défaut de connexion ou lors de la « lecture des QR codes » en officine. Un pharmacien a relevé « des incohérences entre la e-prescription et l'ordonnance papier surchargée par le médecin ». Point d'amélioration, la taille trop volumineuse des mentions légales (RGPD) devrait être réduite.
La généralisation de l'e-prescription (en ville et en établissement) est envisagée d'ici à 2022 par étapes, en capitalisant sur les expérimentations successives. Dès cette année, les tests doivent s'étendre à la biologie et aux actes infirmiers, puis aux actes de kiné en 2021.
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