Le Dr Serge Labalette se serait bien passé de cette mésaventure. Le généraliste installé à Hirson (Aisne) s’est retrouvé privé d’Internet et de téléphone pendant près de trois semaines, depuis le 29 décembre dernier. Victime d’un imbroglio technique, il a vu sa ligne téléphonique professionnelle résiliée bien malgré lui après avoir accepté l’offre d’Orange de migrer de l’ADSL vers la fibre optique. Malgré ses nombreuses démarches, il ne récupèrera sa liaison que le 21 janvier… grâce à l’intervention du maire de sa commune auprès des services de l’opérateur.
Pendant cette période, le Dr Labalette et son épouse, médecin dans le même cabinet, ont dû faire appel au système D pour communiquer avec leurs patients (70 à 80 par jour au total), avec leurs confrères et avec l’assurance-maladie. « La technologie, c’est très pratique, mais malheureusement quand on en est privé, ça devient un handicap majeur ! », analyse le Dr Labalette.
Facebook à la rescousse
Dès la fin du mois de décembre, les patients du médecin ne pouvaient plus joindre le cabinet. « J’en suis arrivé à faire passer un numéro de portable sur Facebook à des patients qui faisaient circuler le message », s’amuse le Dr Labalette. Le généraliste trouve également une parade pour télétransmettre à la Sécu les feuilles de soins électroniques des actes réalisés dans la journée. « Je ramenais l’ordinateur tous les soirs à mon domicile où je faisais le transfert », raconte-t-il au « Quotidien ». Il utilise la même astuce pour communiquer avec les banques les transactions réalisées par carte bancaire.
La communication avec les confrères est plus problématique. Impossible de recevoir les comptes-rendus que ses correspondants spécialistes à l’hôpital lui envoient habituellement par messagerie sécurisée. Les examens médicaux finissent par arriver par voie postale, mais avec un délai supplémentaire. « Il m’est arrivé de dire à des patients que je n’avais pas les résultats faute de pouvoir me connecter », témoigne le Dr Labalette.
Le médecin s’est également inquiété de sa responsabilité en cas d’impossibilité pour un patient de le joindre. « Un patient peut très bien dire qu’il a tenté de me joindre et que je ne suis pas venu ! », explique-t-il. Par prudence, il a contacté son assurance professionnelle pour faire état de ses difficultés.
Des patients scandalisés
Le Dr Labalette en veut un peu à son opérateur, Orange, qui n’a jamais pris la mesure de sa situation. « À aucun moment, ils n’ont pris en compte ma profession, raconte le généraliste. Quand vous les contactez, vous n’avez aucune explication sur ce qui se passe, vous n’avez jamais le même interlocuteur et quand vous demandez à parler à un responsable mieux informé, on vous dit que c’est impossible ! »
Face à ce mur, il avoue avoir craqué à une ou deux reprises. « Quand vous avez des journées très chargées, et que vous devez gérer en même temps ces problèmes techniques avec des interlocuteurs très polis, mais qui ne font rien pour vous aider, qui n’ont aucune empathie… »
Le médecin a eu le soutien de ses patients, « scandalisés » par la situation, et « choqués par la désinvolture de l’opérateur ». « En tant que médecin, ils pensaient que je ne serais pas logé à la même enseigne que les autres clients. Ils compatissaient ! », confie le Dr Labalette.
Visiblement épanoui dans son métier, le médecin relativise tout de même : « Je suis quand même habitué à des choses plus graves que ce genre de situation. Tous les jours, je suis confronté au désarroi et à la souffrance humaine ! »
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