Un généraliste accusé d'homophobie sur Facebook, l'Ordre des médecins saisi

Le 27 décembre, le conseil départemental de l'Ordre des médecins de Côte-d'Or a été saisi par une association de défense des homosexuels à la suite de propos tenus sur Internet par un généraliste de Dijon, jugés homophobes. 

L'affaire est partie d'un post (supprimé depuis) sur le mur Facebook du groupe public « Les médecins ne sont pas des pigeons ». Membre de ce groupe, le médecin généraliste, remplaçant en Bourgogne, y relatait une consultation avec un patient, en expliquant qu'il venait d'éviter une erreur médicale.

« En tant que remplaçant, j'ai eu un patient qui venait pour ce qui semblait être une fissure anale. Tous les symptômes y étaient. Du coup je l'envoie chez le gastro-entérologue qui programme une opération. Le truc, c'est que le patient est homosexuel, écrit le médecin. Pas un homo de type "fofolle" avec des manières surjouées, plutôt un monsieur tout-le-monde, du coup je n'ai rien vu (et ce n'était pas marqué dans le dossier), donc je n'ai pas cherché plus loin. Et le bilan pré-op a ramené des VRDL/TPHA très positifs. En fait, sa fissure anale était un chancre syphilitique ! »

Maladresse ?  

Cette description n'est pas du goût de l'Amicale des jeunes du Refuge, une association qui aide et héberge les jeunes homosexuels, d'autant que, dans les commentaires suivants, le généraliste ajoute que « le terme fofolle était sans doute choquant mais il est évocateur (...) je suis sûr que vous voyez ce que je veux dire quand je parle d'un homme qui surjoue les comportements féminins : façon de parler avec intonations vers le haut, expressions faciales exagérées, main à 90° en marchant (la posture de la théière), marche avec pieds sur une ligne en balançant les hanches (...) ». 

L'association décide de saisir le conseil de l'Ordre des médecins local. « En lisant le post Facebook, j'ai d'abord pensé à une maladresse puis j'ai lu les commentaires et j'ai été choqué, explique le président de l'Amicale, Mehdi Aifa. Le problème n'est pas qu'il pense cela, mais qu'il exprime publiquement de tels propos en tant que médecin. »

Poursuites éventuelles

Joint mercredi par « le Quotidien », le généraliste déclare « ne plus vouloir commenter en détail ce qui s'est passé ». « Mes propos sur Facebook étaient maladroits et avant tout médicaux, je les regrette, le reste a été sorti de son contexte ou tronqué », affirme-t-il. « Je n'ai jamais prononcé la moindre insulte envers les homosexuels ni pratiqué une quelconque discrimination, poursuit le médecin. Tout cela risque finalement de ternir l'image des médecins autant que celle des homosexuels, c'est pour cela que j'appelle au calme et à la tempérance. »

Après avoir déjà auditionné le médecin, l'Ordre départemental examinera ce dossier lundi prochain, à partir de 20 heures, lors d'une séance non publique. La décision de poursuivre ou non le médecin devant la chambre disciplinaire de première instance du conseil régional de l’Ordre sera rendue.

« Nous examinerons le caractère déontologique de cette affaire et si certains éléments ne relèvent pas de la déontologie nous pouvons aussi les transmettre à la justice », précise le Dr Jean-Pierre Mouraux, président de l'Ordre des médecins de Côte-d'Or. « Nous réprouvons ces propos, qui ne sont pas dans notre éthique, nous ferons tout pour qu'il n'y ait pas de zones d'ombre », prévient le responsable ordinal.