Généraliste à Créhange (Moselle), le Dr Jean-Jacques Erbstein a fait parler de lui lors de la crise sanitaire pour avoir prescrit un traitement à base d'azithromycine à ses patients fragiles atteints par le Covid-19 (présentant des comorbidités et des atteintes respiratoires sévères) et communiqué à la presse locale sur l'intérêt de cette combinaison thérapeutique.
Vilipendé par certains confrères, soutenu par d'autres, et convoqué par l'Ordre pour explication, le Dr Erbstein, 54 ans, revient sur ces mois sous pression dans un texte dense*, à vif, à mi-chemin entre le pamphlet et la tribune.
Exerçant dans un département frappé de plein fouet par le coronavirus, le généraliste confie avoir été d'abord « un bon petit soldat » en appliquant la « doxa mortifère » du gouvernement – à savoir du paracétamol en cas de fièvre et l'appel au 15 en cas de difficultés respiratoires. Mais après le décès d'une dizaine de patients, pour la plupart anciens mineurs, il décide de ne plus « laisser mourir ces gens » et d'essayer autre chose alors même que la littérature était « quasiment stérile » sur ce sujet.
Plutôt que de céder au « vent marseillais de la révolte thérapeutique » – allusion directe au protocole du Pr Didier Raoult – le médecin se penche sur l'azithromycine, « un bon antibiotique avec des propriétés antivirales et anti-inflammatoires », « que je manie bien » et dont les recos officielles préconisent la prescription en cas de suspicion de pneumonie avec de grosses difficultés respiratoires. Le Dr Erbstein, qui se dit « adepte sans concession de l'Evidence Based Medicine », prescrira ce traitement à plusieurs patients dont l'état s'améliorera rapidement…
Conscient que sa combinaison thérapeutique n'a fait l'objet d'aucune étude – et qu'il n'aura jamais la certitude que ses patients ont guéri grâce à ce traitement – le généraliste mosellan assume ses choix… qui lui ont valu des volées de bois vert et des noms d'oiseaux « de la ligue sans pitié des gardiens du dogme de la médecine scientifique la plus inflexible ».« Il y avait urgence (...), je n'ai pas fui, et je ne le regrette pas », se défend le généraliste.
* « Je ne pouvais pas les laisser mourir ! », JDH éditions, 55 p., 7,95 euros.
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre
Mélanie Heard (Terra Nova) : « Une adhésion massive des femmes à Kamala Harris pour le droit à l’avortement »
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique