DE L’INDIGNATION. Réaction immédiate du Pr Xavier Girerd (hôpital de la Pitié Salpêtrière, Paris) lorsqu’il découvre que le décret du 24 juin annonçant la suppression de l’HTA sévère de la liste des affections de longue durée (ALD) est publié au « J. O. ». Il connaissait la proposition inscrite dans la dernière LFSS et avait demandé à être entendu sur ce sujet à la Haute Autorité de Santé (HAS). Après 3 mois d’attente, le rendez-vous venait d’être fixé pour... le 29 juin. « Je comprends mieux pourquoi, maintenant… »
Le Pr Girerd, et à travers lui nombre de spécialistes français de l’HTA, s’offusque à de multiples titres. Le médecin qu’il est n’admet pas « la justification pseudo-médicale de la mesure » : « Il est faux de considérer l’hypertension artérielle comme un facteur de risque et non comme une maladie. C’est un déni de science. À l’évidence il s’agit d’une décision comptable prise sous un prétexte médical. » L’HTA, rappelle-t-il, est une maladie des artères. Le signe de leur dysfonctionnement est l’élévation des chiffres tensionnels. Elle conduit à l’insuffisance cardiaque, aux accidents vasculaires cérébraux… « Autant de signes d’une nouvelle étape dans l’évolution de la maladie artérielle. »
Le décret de 24 juin prend une place de choix dans la liste des décisions ministérielle incohérentes. Comme le constate l’hypertensiologue, un décret paru en janvier au « J.O. » définissait les critères d’entrée dans l’ALD au titre de l’HTA sévère. Pour être admis, un patient hypertendu devait présenter deux au moins des trois critères suivants : une pression artérielle supérieure à 180/110 mmHg en début de prise en charge, chiffres confirmés à trois consultations ; l’atteinte d’un organe cible ; un traitement justifiant plus de 3 antihypertenseurs. Des termes en désaccord avec ceux du décret actuel décrivant l’HTA sévère comme la « seule ALD à constituer un facteur de risque et non une pathologie avérée. »
Quant aux patients, principaux intéressés, Xavier Girerd redoute des démobilisations. Ce retrait de la liste des ALD signifiera pour certains que l’affection n’est pas si grave. « La décision peut conduire au désinvestissement des patients les plus sévèrement touchés. Souvenons-nous que, en France, seulement 50 % des patients traités parviennent à l’objectif thérapeutique. Ils sont 70 % aux États-Unis ! »
Au plan juridique le décret du 24 juin pourrait créer une rupture d’égalité aux soins. En effet, seuls les nouveaux patients sont concernés par la suppression de l’ALD, déterminant une inégalité entre les hypertendus d’hier et de demain. Le Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS) devrait déposer prochainement un recours devant le conseil d’état à ce motif. Le Pr Girerd complète, que selon les chiffres du Comité français de lutte contre l’HTA (www.comitehta.org), environ 35 % des patients traités pour une HTA sont en ALD, 38 % disposent d’une mutuelle complémentaire et 1,5 % bénéficie de la CMU, ce qui laisse à environ 25 % des patients la charge financière du ticket modérateur. « La solidarité nationale qui se traduit par l’ALD, ne s’exprimera plus. Certains ne pourront plus se traiter. »
« Nous sommes dans le mauvais côté de la politique de santé publique. Si la France ne peut plus prendre financièrement en ALD ces patients, que cela soit dit clairement » et non pas sous des prétextes médicaux fallacieux.
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