Le PS se cherche un chef et un projet. Réuni à Paris samedi dernier, le conseil national a validé quatre textes d’orientation (motions) dans la perspective du 78e congrès qui désignera le nouveau premier secrétaire parmi quatre candidats : Luc Carvounas, Stéphane Le Foll, Olivier Faure ou Emmanuel Maurel. Les militants voteront les 15 et 29 mars pour désigner leur patron, une semaine avant le congrès prévu à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
En pleine crise de leadership et d'identité, le PS pourra compter sur des contributions thématiques censées irriguer le débat. L'une d'elle, que « le Quotidien » s'est procurée, est consacrée exclusivement à la santé et porte déjà les signatures de plusieurs médecins dont les Drs Marie-Laure Alby, généraliste à Paris, Philippe Sopena, ex-vice-président de MG France, Gérard Bapt, ancien député socialiste, Thierry Philip, président de l’Institut Curie ou encore Claude Pigement, ancien monsieur santé du PS et vice-président de l'Agence du médicament.
Problème aigu de santé publique
Inégalités sociales de santé « parmi les plus fortes des pays de l'OCDE » , renoncements aux soins qui touchent jusqu'à 25 % de la population, publics fragiles « qui peinent à faire valoir leurs droits sociaux »… Le document de cinq pages paraphé par des partisans de François Hollande et des anciens frondeurs (Jérôme Guedj) dresse un constat alarmiste.
Le « phénomène multiforme des déserts médicaux » s'accroît en dépit des aides multiples à l'installation, lit-on. À l'hôpital, on comble les postes vacants « par des intérimaires à des coûts prohibitifs ». La situation globale pose donc « un problème aigu de santé publique ». Le texte déplore également l'absence de spécialistes aux tarifs opposables dans certains secteurs, la prise en charge « déficiente » des maladies chroniques et des pathologies mentales ou la saturation des urgences hospitalières.
En dépit de ce tableau, les auteurs jugent que l'adoption de mesures de coercition « ne résoudrait en rien les difficultés », une position exactement sur la ligne défendue par Marisol Touraine et par Agnès Buzyn. La motion avance une panoplie de mesures qui font écho aux derniers plan anti-déserts. On y retrouve une réforme des études visant à promouvoir la médecine générale et à rééquilibrer les postes d'internat au profit des régions fragiles ; des bonus à l'installation ou au maintien des praticiens dans les secteurs sous-dotés (cumul emploi-retraite, prise en charge des frais de secrétariat) ; ou encore le financement « pérenne » des maisons de santé (que Macron veut doubler d'ici à la fin du quinquennat) et le développement de la télémédecine.
Consultations hospitalières itinérantes
Sur les honoraires libres en revanche, la méthode forte prévaut. Le texte propose d'« encadrer l'accès au secteur II » mais aussi de « plafonner effectivement » les tarifs, une double régulation (à l'entrée et à la facturation) qui risque de faire bondir les syndicats de spécialistes.
Côté organisation, la motion va assez loin. Elle recommande d'impliquer les collectivités territoriales dans l'organisation du premier recours, de développer les pratiques avancées et les délégations de tâches (les protocoles Asalee sont cités avec les infirmières), de faciliter les transitions entre l'exercice libéral et le salariat ou encore de créer dans les zones critiques « des consultations hospitalières itinérantes ». Pas sûr que cette perspective soulève l'enthousiasme des libéraux toujours réticents lorsque l'hôpital se projette hors de ses murs.
Retour du TPG…
Pour les signataires, le renoncement effectif aux soins relance la question de l'extension de la dispense d'avance de frais. « L'objectif du tiers payant généralisé a été freiné par le gouvernement sous couvert de difficultés techniques », déplore la motion qui plaide pour une application de cette mesure sans retard.
Sur la réforme du reste à charge zéro, les signataires prennent date en refusant un panier de soins « bas de gamme » ou une prise en charge quasi-intégrale par les complémentaires « qui se traduirait par une explosion des cotisations ».
La motion brosse enfin un tableau peu reluisant de la « crise » de l'hôpital public, soumis à des « logiques de concurrence ». « La recherche sans fin de gains de productivité est génératrice de tensions devenues insupportables pour les personnels hospitaliers et érode la qualité des services rendus », peut-on lire.
Valoriser la qualité de vie au travail
Les signataires ne pourront être taxés de ménager le secteur puisqu'ils évoquent la « restructuration nécessaire de l'offre hospitalière » et la montée en puissance de la chirurgie ambulatoire qui « autorise à terme des réductions massives de lits ». Excluant les mécanismes comptables, la contribution veut croire à l'efficacité des groupements hospitaliers de territoire (GHT), sous réserve qu'ils n'imposent pas d'hégémonie hospitalière.
Alors que le gouvernement promet une réforme progressive de la tarification hospitalière, la motion entend réserver la tarification à l'activité (T2A) aux séjours « ponctuels et simples » pour s'ouvrir aux modes de financement à l'épisode de soins (actes chirurgicaux), au parcours (pathologies chroniques), à la qualité (taux de réadmission) ou, plus original, sur la base d'indicateurs à vocation sociale comme la « qualité de vie au travail ».
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre
Mélanie Heard (Terra Nova) : « Une adhésion massive des femmes à Kamala Harris pour le droit à l’avortement »
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique