100 kilomètres à vélo entre Maubeuge et Charleville-Mézières

Une généraliste retraitée se remet en selle pour lutter contre les déserts

Publié le 29/09/2014
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Crédit photo : DR

Demain, le Dr Danielle Paul-Duveaux ouvrira les portes de son cabinet médical pour la dernière fois. Après 37 ans à exercer la médecine générale à Maubeuge, une page se tourne pour cette femme dynamique de 63 ans, qui aurait pu s’en aller sans faire de bruit. Sauf que cette ville du Nord et ses alentours se vide peu à peu de ses médecins.

La désertification médicale, le Dr Paul-Duveaux en connaît un rayon. Autour d’elle, trois confrères partent cette année en retraite sans avoir trouvé de successeur, malgré d’intenses recherches. Tout comme elle. Alors, dès mercredi, pour le premier jour de sa nouvelle vie de retraitée, le médecin montera sur son vélo pour un périple d’une centaine de kilomètres reliant Maubeuge à Charleville-Mézières.

Son objectif : sensibiliser les patients, les élus et les médecins du cru au danger de la désertification médicale dans ces départements ruraux du Nord, de l’Aisne et des Ardennes. « Je veux aussi témoigner de la gentillesse des gens du coin, assure le médecin au « Quotidien ». Les internes ne doivent pas avoir peur de venir s’installer ici. »

Le Dr Paul-Duveaux ne connaît pas ses confrères qui exercent à quelques dizaines de kilomètres de Maubeuge. « Je pars à la pêche ! s’enthousiasme-t-elle. Par exemple, les professionnels de la maison de santé d’Anor semblent heureux de me rencontrer. Je veux leur dire qu’ils ne doivent pas attendre la dernière minute pour préparer leur succession. En près de 40 ans de carrière, c’est mon seul regret. »

Acte militant pour la médecine libérale

L’initiative originale du Dr Paul-Duveaux témoigne de l’impasse dans laquelle se trouvent nombre de professionnels libéraux sur le départ, désireux d’aider leurs patients à retrouver un médecin mais privés de moyens pour y parvenir. Pour la généraliste, ce périple à vélo est aussi un acte militant en faveur de la médecine libérale.

« Mes patients sont inquiets des conséquences de la fermeture du cabinet, se désole-t-elle. Les petites mémés que je vais voir à domicile me disent : "Docteur, on a fait cinq cabinets, pas un ne veut de nous". » Réceptifs au projet du médecin généraliste, beaucoup devraient faire un brin de route à ses côtés. Ce sera également le cas du « Quotidien » (1), qui aura la tête dans le guidon lors d’une étape de cette virée à vélo pour le moins atypique.

(1) À retrouver jeudi sur le site lequotidiendumedecin.fr

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du Médecin: 9352