Retardées de quelques mois, les élections aux URPS pour les médecins libéraux se sont déroulées fin mars et début avril 2021. Organisées dans un contexte de crise sanitaire, avec un vote 100 % électronique, elles ont été marquées par un taux de participation historiquement bas à 22,6 % – contre 40 % en 2015.
À l’issue d'une campagne non dénuée de surenchère, le scrutin a confirmé la montée en puissance de syndicats monocatégoriels – MG France chez les généralistes et l'union Avenir Spé-Le BLOC chez les spécialistes – au détriment de centrales polycatégorielles historiques comme la FMF, le SML et, dans une moindre mesure, la CSMF (qui conserve le plus grand nombre d'élus et de voix).
Dans le collège généraliste, MG France a consolidé son leadership en récoltant 36,6 % des voix, soit cinq points de plus qu'en 2015. En revanche, la CSMF recule de 20 % à 17,3 % chez les médecins de famille, la FMF passe de 27,6 % à 17,2 % et le SML de 16,5 % à 9,5 %. Dans le collège des spécialistes, l'union Avenir Spé-Le BLOC s'impose nettement avec plus de 39 % des voix devant la CSMF (22,4 %), le SML (12 %) la FMF (7,5 %), tous en repli significatif.
Ce scrutin aura aussi validé la reconnaissance sur l'échiquier de l'Union française pour une médecine libre (UFML), qui a capitalisé sur un discours radical autour de l'indépendance professionnelle. La structure du Dr Jérôme Marty a gagné son pari de rejoindre l'arène conventionnelle avec environ 17 % des voix dans chaque collège. Deux syndicats obtiennent quelques sièges dans les rares régions où ils présentaient des listes, sans obtenir leur représentativité : l’Union collégiale (UC, environ 2 %) et Jeunes Médecins (moins de 1 %).
Balkanisation accentuée
In fine, ce cru 2021 aura encore accentué l'éparpillement du syndicalisme médical dont l'histoire est jalonnée de schismes et de scissions. À l’issue du scrutin, six syndicats sont déclarés représentatifs pour négocier avec l'Assurance-maladie, quand d'autres professions comme les pharmaciens ou les dentistes discutent à deux ou trois. Un morcellement médical qui risque de conduire à des rapprochements, à confirmer dans la perspective des prochaines échéances conventionnelles.
Ce scrutin a également redessiné la carte des présidences au sein des Unions régionales, à la suite d'accords locaux qui ne reflètent pas toujours les scores respectifs, au sein d'un paysage encore plus éclaté qu'en 2015. La CSMF a conservé le plus grand nombre de sièges (161) et le leadership dans six régions. L'union Avenir Spé-Le BLOC (119 sièges) récolte quatre URPS (contre une seule en 2015 avec Le BLOC). MG France, malgré sa victoire nette chez les généralistes (119 sièges) n'aura obtenu qu'une seule présidence, l'Occitanie. Même résultat pour l'UFML (95 sièges), qui s'offre l'Île-de-France. La FMF a empoché trois régions, malgré ses scores en recul, tandis que le SML, qui avait hérité de trois présidences en 2015, n'en a conservé qu'une seule.
Dernier apport de ce scrutin qui bouscule : deux grandes régions métropolitaines –Auvergne Rhône-Alpes et Île-de-France – et deux URPS ultramarines (Martinique, Guadeloupe) sont aujourd'hui pilotées par des femmes.
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