Sitôt paraphée, sitôt publiée. La nouvelle convention ayant été signée le 9 mars dernier par l'Assurance-maladie et les deux syndicats représentatifs des pharmaciens - la Fédération des syndicats pharmaceutiques français (FSPF) et l'Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) -, rien n'empêchait sa publication rapide par le ministère de la santé.
Le texte, ainsi publié hier dimanche, le 10 avril, au Journal officiel, élargit largement les missions des officines « pérennisant ainsi le rôle central que le pharmacien d’officine a joué dans le cadre de la crise sanitaire en matière de vaccination et de dépistage », se félicite la Cnam. « Cette convention place les pharmaciens au cœur du dépistage et de la vaccination, s’est également réjoui Philippe Besset, fraîchement réélu à la tête de la FSPF. Grâce à elle, l’exercice officinal ne dépend plus uniquement des prescriptions médicales ».
Vaccination élargie
Parmi les mesures les plus emblématiques : la possibilité pour le pharmacien de prescrire et d'administrer tous les vaccins de l’adulte, hormis ceux à virus vivants atténués. La convention propose ainsi une rémunération de 7,50 euros au pharmacien – si le patient est adressé par un courrier de l’Assurance-maladie, comme c'est le cas pour la grippe – et de 9,60 euros si la vaccination est prescrite et réalisée par l’officine.
« Nous souhaitions une rémunération alignée sur celle des médecins, c’est chose faite, notait le président de la FSPF, en plein cœur des négociations en février dernier. Je souhaite dire aux médecins que désormais nous pourrons nous battre ensemble pour une revalorisation de l’acte vaccinal ».
Bandelettes urinaires
La convention pharmaceutique - qui pour la première fois s’est appuyée sur une consultation de la profession via un site participatif - entend également faire la part belle au dépistage. Au comptoir, les pharmaciens peuvent désormais proposer des bandelettes urinaires en cas de suspicion de cystite, après avoir mis à disposition des toilettes aux patientes. L’objectif selon le texte : « limiter les prescriptions d’examen cytobactériologique des urines inutiles en première intention dans le cas d’une cystite simple », « lutter contre l’antibiorésistance » et « faciliter le parcours des femmes ».
Si les modalités réglementaires sont encore à définir, le pharmacien devrait percevoir un honoraire de 6 euros pour ce test et son analyse. La patiente pourra se présenter spontanément ou être orientée vers l'officine par son médecin traitant.
Autre nouveauté : les pharmacies pourront remettre directement, avec ou sans invitation, un kit de dépistage du cancer colorectal aux patients éligibles « afin d’atteindre la cible d’un taux de dépistage de 65 % recommandée au niveau européen », précise le texte. Une nouvelle mission rémunérée cette fois-ci cinq euros.
Cinq minutes pour parler grossesse et médicament
Cinq euros sont également prévus pour gratifier le pharmacien lors de la réalisation d’entretien de grossesse. Quelques minutes au comptoir, pour informer les femmes enceintes sur les risques « liés à la consommation de substances tératogènes ou fœtotoxiques pendant la grossesse et, le cas échéant, à l’importance de la vaccination », précise la convention. Au menu : information sur les risques de l'automédication, des AINS, de l’alcool, de la phytothérapie ou de l’aromathérapie.
Ces entretiens courts et rémunérés devraient s’élargir dans les années à venir. « L’accompagnement des patients diabétiques, l’amélioration de l’observance, le suivi des patients avec un traitement par opioïde constituent les priorités actuellement identifiées pour les prochains accompagnements de ce type », imagine ainsi la Cnam.
Pharmacien correspondant
Au total, 130 millions d’euros sont investis sur cette nouvelle convention pharmaceutique, dont 47 millions sur le volet prévention et accès au soin. Ce dernier se voit renforcer, selon les syndicats d’officinaux, par la rémunération du « pharmacien correspondant ».
À l’instar du médecin traitant, le patient pourra choisir lui-même son pharmacien correspondant, capable de renouveler ses traitements chroniques et d’en ajuster les posologies. Mais seuls les pharmaciens installés en zones d'interventions prioritaires (Zip) et zones d'actions complémentaires (Zac) seront rémunérés pour cette mission, à hauteur de un à deux euros par patient, dans une limite de 500 euros par an. Le pharmacien devra également appartenir à la même organisation d'exercice coordonné que le médecin traitant prescripteur.
La négociation d'un premier avenant de la convention pharmaceutique est prévu en 2023. Il devrait faire la part belle à l’économie et la rémunération de l’officine.
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