LE QUOTIDIEN : Votre amendement a été retoqué le 6 octobre par les sénateurs. Êtes-vous inquiète ?
VALÉRIE FOURNEYRON : Adopté à l’Assemblée en première lecture, notre amendement va être discuté en seconde lecture avec le soutien du gouvernement, dans le cadre du vote de la loi de modernisation de la santé. Je suis raisonnablement optimiste pour son adoption dans le texte définitif. Le Sénat a raté la marche du sport santé au motif qu’il générait une charge supplémentaire pour le budget de la Sécurité sociale. En réalité, tous les experts s’accordent aujourd’hui à considérer que la prescription d’activités physiques et sportives contribue à réduire la consommation médicamenteuse des patients atteints d’une maladie de longue durée en améliorant leur qualité de vie. Il est aberrant et insensé de nous accuser de vouloir faire payer l’abonnement à la salle de sports par la Sécu !
Pourquoi vouloir faire entrer le sport sur ordonnance dans la loi ?
Beaucoup de médecins traitants recommandent la pratique sportive à leurs patients. Mais cette simple recommandation ne marche pas, en particulier quand elle s’adresse à des publics socialement défavorisés. D’où l’idée d’une prescription à part entière, qui intègre l’APS dans le parcours de soins, en partenariat avec des organismes labellisés par l’agence régionale de santé et les directions Jeunesse et sport, en complément bien sûr des traitements conventionnels pour les pathologies graves. Cette démarche représente une révolution de la prescription, jusqu’à présent essentiellement réservée aux thérapeutiques médicamenteuses et le cadre législatif est une étape décisive dans la généralisation.
Les généralistes sont-ils formés à ce type de prescription ?
Un accord a été signé dès 2012 entre la conférence des doyens de médecine et la conférence des doyens des StapS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), pour fixer des nouveaux contenus pédagogiques dès la formation initiale et le partage d’un socle de connaissances communes. L’amendement prévoit que cette formation à la prescription d’une activité physique adaptée sera dispensée dans le cadre des études médicales et paramédicales.
Cela ne risque-t-il pas de prendre du temps et de remettre à plus tard ?
Nous reconnaissons dès maintenant la capacité du médecin traitant à prescrire de l’APS et à orienter son patient vers un réseau labellisé. C’est ce qui se pratique depuis 2012 avec le programme « Sport santé sur ordonnance » mis en œuvre par Strasbourg en partenariat avec l’État, l’ARS et la caisse locale d’assurance-maladie. Notre proposition s’appuie sur la réussite de cette expérience de terrain. C’est exceptionnel de voir une loi construite à partir d’une réalisation locale. Cela aussi, c’est une révolution.
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