En arrêt maladie et sans aucun revenu, le Dr Stéphanie Moinet accumule les difficultés depuis le 1er octobre 2017. Ce jour-là, cette psychiatre est de passage à la gare Saint-Charles, à Marseille, quelques minutes seulement après l’attentat qui a coûté la vie à une étudiante en médecine et à sa cousine infirmière.
Très affectée par cet évènement, le Dr Moinet accuse le coup. Depuis 2015 déjà, elle est concernée par les attentats terroristes, notamment à travers son activité de consultante auprès de l’Institut de victimologie de Paris, qui l’a amenée à prendre en charge des victimes de la tuerie du Bataclan.
Au lendemain de l'attentat de Marseille, après un retour très difficile à son domicile en région parisienne, elle ne se sent pas en état d’assurer ses consultations. « J’avais tous les symptômes de stress aigu, raconte le médecin au "Quotidien". Je n’arrivais pas à dormir, j’avais des troubles digestifs. » Le généraliste qu’elle consulte lui prescrit un premier arrêt de travail, qui sera renouvelé.
Compte en banque dans le rouge
Mais depuis, les difficultés financières ont aggravé sa situation et son état de stress. La psychiatre, qui exerce en secteur I à Chanteloup-en-Brie (77), voit son compte en banque passer dans le rouge. « J’ai le crédit de mon cabinet à rembourser, les charges à payer… Mais je n’ai plus aucun revenu », explique le Dr Moinet, soumise au délai de carence de 90 jours en cas d’arrêt de travail. Sa situation personnelle – mère d’une petite fille et en instance de divorce – n’arrange pas ses affaires.
La psychiatre a bien souscrit une assurance auprès de La Médicale. Mais depuis le 2 octobre, malgré les relances du praticien, c’est le silence radio. Il faudra attendre le 2 novembre pour que la compagnie lui confirme une prise en charge partielle. « Nous sommes conscients du traumatisme qu’elle a subi, explique au ”Quotidien” une porte-parole de l’assureur. Nos services ont traité son dossier dans les meilleurs délais et une indemnité lui a été accordée ce mardi 31 octobre. » L'affaire n'est pas close puisque le médecin conteste certains points de son indemnisation, qu'elle juge insuffisante au regard de son contrat.
Appel à l'aide auprès des confrères
Acculée par les charges, menacée d’une mise en demeure par la banque auprès de laquelle elle a contracté un prêt pour acquérir son cabinet, la psychiatre avait auparavant lancé des appels à l’aide tous azimuts.
Sur Internet, elle interpelle ses confrères qui lui apportent conseils et réconfort. Elle entreprend également des démarches pour bénéficier du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme, et sollicite le service d’entraide du conseil national de l’Ordre des médecins. Mais le Dr Moinet ignore quand ces demandes aboutiront. « On vous dit qu’il faut vous installer en libéral, raconte, amère, le médecin. Mais quand il vous arrive un pépin, que vous êtes arrêté, personne ne vous vient en aide, même si vous avez souscrit un contrat de prévoyance. »
Ce samedi, elle devait retrouver ses patients après un mois d’absence. « Je n’ai pas le choix même si je ne suis pas totalement remise », explique le Dr Moinet. Elle se réjouit cependant de retrouver sa patientèle qu’elle culpabilisait d’avoir abandonnée. « Je ne lâcherai pas mon job, même si c’est difficile », insiste le médecin.
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre
Mélanie Heard (Terra Nova) : « Une adhésion massive des femmes à Kamala Harris pour le droit à l’avortement »
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique