ROSP 2020 : résultats provisoires en demi-teinte à cause de la crise, baisse attendue pour deux spécialités

Les premiers résultats – provisoires – du cru 2020 de la rémunération sur objectif de santé publique (ROSP), qui concerne les médecins généralistes, cardiologues, gastro-entérologues et endocrinologues, ont été dévoilés par la CNAM aux syndicats de médecins libéraux dans le cadre d'un groupe de travail, indique la FMF.

La rémunération totale estimée pour 2020 est globalement en hausse (294 millions d'euros contre 291,1 millions en 2019, soit +1 %) mais avec des résultats très disparates en fonction des indicateurs et des spécialités. Selon ces projections, les cardiologues et gastro-entérologues voient leur prime s'éroder.

Dans le détail, la crise sanitaire a eu un effet délétère sur un certain nombre d'indicateurs. Dans la ROSP médecin traitant adulte, les bilans de surveillance des diabétiques (nombre d'HbA1C, fonction rénale, fonds d'œil) sont en baisse. 

Côté prévention, la part de patientes de 50 à 74 ans ayant participé à un dépistage du cancer du sein chute de 3 points par rapport à 2019 ; celle des patientes de 25 à 65 ans ayant bénéficié d'un frottis d'1,6 point. Le dépistage du cancer colorectal baisse également légèrement, de 0,4 point.

Révélateur de la dégradation de la santé mentale de la population, la part des patients ayant commencé un traitement par benzodiazépines hypnotiques de plus de quatre semaines augmente par rapport à 2019 (+1,9 point), tout comme celle des patients ayant commencé un traitement sous anxiolytiques (+ 0,7).

En revanche, effet bénéfique de la crise, la part de patients de plus de 65 ans et de patients de 16 à 64 ans en ALD vaccinés contre la grippe saisonnière a bondi (respectivement de 7,7 et 6 points). Elle atteint 64 % à fin décembre 2020 pour les personnes âgées (contre 56 % à fin décembre 2019), au-delà de l'objectif cible fixé à 61 %. Le nombre de traitements par antibiotiques a également diminué (ce qui semble logique puisque le mesures de distanciation ont fait chuter les pathologies infectieuses).

La CNAM constate en revanche peu d'impact sur les indicateurs de prescription médicamenteuse en raison des dérogations (renouvellement, prescription électronique, téléconsultation).

Rattrapage pour les seuls spés ? 

Pour les gastro-entérologues, les indicateurs de suivi des patients sous 5-ASA et « post-traitement HP » sont en érosion. Et chez les endocrinologues, le suivi post-chirurgical pour un cancer de la thyroïde, le suivi du pied diabétique et l'autonomie des patients initiés par l’insuline sont en retrait, là encore à cause de la crise.

Côté rémunération, in fine, la CNAM anticipe une légère hausse globale de l'enveloppe pour les ROSP des médecins traitant de l'adulte et de l'enfant (mais une baisse médiane de 5 euros par généraliste par rapport à l'année précédente).

Les endocrinologues toucheraient 55 euros de plus qu'en 2019. En revanche, une baisse est attendue pour les ROSP des gastro-entérologues (-80 euros en moyenne) et celle des cardiologues (-88 euros). Pour ces ROSP de spécialistes en diminution, la CNAM a proposé de mettre en place des mesures spécifiques « pour tenir compte de l’impact de la crise sanitaire sur l’activité et de la baisse de la patientèle suivie en 2020 ». Les mois de novembre et décembre 2019 seront intégrés dans le calcul de la patientèle et dans le calcul du paiement, prévu pour l'instant courant avril.

Pas de rattrapage pour les médecins traitants

En revanche, il n'y aurait aucune mesure d'accompagnement ou de compensation pour les ROSP en hausse globale (médecin traitant et pédiatrique). 

L'an dernier, les 54 699 généralistes et MEP avaient perçu 4 820 euros en moyenne comme médecin traitant de l'adulte ; les 4 349 cardiologues un bonus de 2 124 euros ; les 2 014 gastro-entérologues 1 417 euros et les endocrinologues environ 1 125 euros. La ROSP médecin traitant de l'enfant était de 200 euros.