Quand une commune perd ses médecins, la pharmacie s'inquiète ! Sophie Toufflin-Rioli, pharmacienne à Commequiers (Vendée), a fait part de son expérience vécue face aux déserts médicaux, lors d'un colloque organisé par Pharma Système Qualité* à Paris.
En 2010, lorsque deux médecins de sa commune ont cessé leur activité et qu'un troisième partait à la retraite six mois plus tard, elle a décidé de mettre en place une activité de télémédecine dans sa pharmacie ! « En 2012, après autorisation de l'agence régionale de santé des Pays de la Loire, nous avons décidé de travailler notamment avec le centre hospitalier de Challans, avec quinze EHPAD, trois médecins généralistes et trois médecins spécialistes », explique la pharmacienne dont le projet – baptisé Télémedinov – s'inscrit dans le cadre de la loi HPST. Un espace dans l'officine, doté d'un grand écran et d'une caméra zoom est consacré à cette activité. Plusieurs fois par semaine, Sophie Toufflin-Rioli y reçoit des patients pour des consultations médicales à distance « surtout en dermatologie et en ophtalmologie, en direct ou en décalé, via l'envoi de clichés ». Cet aménagement a été « très utile » pour accéder à des spécialités éloignées, explique-t-elle.
Malgré cette initiative, la gérante high-tech regrette le modèle économique encore flou de la télémédecine. Les prises en charge en ville se font à titre expérimental, avec des crédits du fonds d’intervention régional (FIR). Seuls quelques actes de télémédecine (téléconsultation médecin traitant avec EHPAD et téléexpertise dossier traitant) viennent d'être rémunérés comme tels à la faveur d'un avenant conventionnel (avril).
Faire voyager l'information
Pour remédier au manque de praticiens, d'autres solutions innovantes existent dont la désormais célèbre cabine de télémédecine H4D qui capture et partage les données de santé. Cet appareil créé par le Dr Franck Baudino a été conçu « pour faire voyager l'information médicale et pas le patient ou le praticien ». Le patron de start-up souligne que les outils doivent s'adapter aux pratiques des professionnels (pharmaciens comme médecins) invités à « mener les combats ensemble et non pas s'opposer ». Une vingtaine de cabines de ce type existent en France.
Dans les territoires sous tension, la solution sera parfois la maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), sous réserve d'un projet médical partagé. Marie-Pierre Sanchez Largeois, pharmacienne et inspecteur de santé publique à l'ARS Nouvelle Aquitaine, le confirme. « Dans notre région, 70 pharmaciens sont inclus dans des maisons de santé, il y a beaucoup d'expérimentations entre professionnels qui fonctionnent bien », témoigne-t-elle.
Dans le Maine-et-Loire, à Bécon-les-Granits, l'organisation collégiale est également privilégiée. La pharmacie est adossée à un pôle de santé réparti sur trois sites, permettant de collaborer avec les médecins, kinés, infirmières, l'orthophoniste et la psychologue.
* Association qui diffuse les bonnes pratiques d’organisation et de service aux patients auprès des pharmacies.
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