Après le désert médical, faut-il aussi craindre le désert pharmaceutique ? À écouter Philippe Gaertner, président de la Fédération des pharmaciens d'officine, il y a péril en la demeure.
C'est pourquoi le premier syndicat représentatif des pharmaciens d'officine lance la semaine prochaine auprès des professionnels du secteur une campagne de communication par voie d'affichage intitulée « une pharmacie sur deux va mourir ». Un courrier sera envoyé aux maires de France, aux députés et aux sénateurs pour leur montrer les conséquences de la disparition des pharmacies de proximité. Les 22 000 pharmacies qui maillent le territoire national vivent des heures économiques difficiles. L'an passé, le réseau a perdu 237 pharmacies. Et dans son dernier rapport, la Cour des comptes souhaite même la suppression de 10 435 pharmacies.
Le syndicat appelle donc la ministre de la Santé Agnès Buzyn à être vigilante « quant à l'accès aux médicaments et à la sécurisation de leur dispensation ». Philippe Gaertner rappelle que les patients sont attachés aux pharmacies de proximité. « Beaucoup de patients nous font confiance et demandent de faire la transition dans les zones rurales en attendant l'installation d'un médecin », dit-il. Des pharmaciens qui n'hésitent pas à se mobiliser dans le cadre des missions de santé publique comme l'expérimentation de la vaccination antigrippale à l'officine.
Perte non compensée
Pour expliquer ces difficultés, le syndicat mentionne les mesures de maîtrise médicalisée qui font baisser le nombre de boîtes de médicaments vendues en pharmacie (-1,4 % en 2017) et surtout les baisses successives des prix des médicaments (princeps et génériques) programmées dans les lois de financements de la sécurité sociale en 2016, 2017 et 2018. La perte pour le réseau est de l'ordre de 158 millions d'euros pour 2017, indique la FSPF.
« À volume constant de vente des médicaments (remboursables et non remboursables) et sans tenir compte des baisses de prix à venir, le réseau connaît une perte de 117 millions d'euros avec les baisses de janvier 2018 voire 141 millions d'euros avec les baisses de février », souligne Philippe Gaertner. Une perte qui n'est pas compensée par les 70 millions d'euros promis par l'Assurance-maladie et les complémentaires via l'avenant 11 à la convention pharmaceutique. « C'est pourquoi nous n'avons pas signé cet avenant qui va entraîner de graves difficultés de pilotage des officines », explique enfin Philippe Gaertner.
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