La médecine salariée peu productive et coûteuse ? MG France se paye les centres de santé, leurs gestionnaires répliquent

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Publié le 13/03/2020
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Crédit photo : PHANIE

Les récentes « recommandations » de MG France à l'adresse des élus locaux sur l'accès aux soins, épinglant la médecine salariée, ont fait bondir la Fédération nationale des centres de santé (FNCS) qui souhaite répondre à la « crise d'urticaire » du syndicat de médecins généralistes. 

Dans le cadre des élections municipales, MG France avait présenté aux élus et « à ceux qui souhaitent le devenir » quatre recommandations pour combattre la désertification médicale.

Toutes visent à promouvoir la médecine libérale – ce qui semble très logique – mais MG France a glissé dans ses « recos » une tirade critiquant vertement l'exercice salarié au sein des centres de santé... « 35 heures par semaine, cinq semaines de congés payés, souvent pas de gardes et la protection sociale des salariés constituent une offre séduisante pour nos jeunes confrères, constate d'abord MG France. L’exercice médical sous statut salarié a tendance à réduire la production de soins ou la présence médicale dans la journée, plutôt qu’à l’augmenter. Ainsi à terme, c’est une raréfaction de l’offre de soins que produisent ces centres de santé. » Le syndicat de généralistes va plus loin en invoquant l'argument de la fragilité financière. L'équilibre économique de ces centres de santé « avec des actes à tarif conventionnel et des horaires de salariés, est intenable sans une contribution financière importante des collectivités locales, qui est souvent sous-estimée au début ».

Innovants et attractifs

Les centres de santé à la fois peu productifs et coûteux pour la collectivité ?

Leurs gestionnaires ont répondu par le biais de leur fédération à ce réquisitoire des généralistes libéraux. « Ce n’est pas aux centres de santé qu'il faut s'attaquer, mais aux inégalités d'accès aux soins ! », recadrent-ils. À écouter MG France, raille la fédération, « nous pourrions même penser que ce sont les centres de santé qui seraient responsables des déserts médicaux et de la difficulté d’accès aux soins primaires de nombreux Français »

La FNCS souligne que les centres de santé représentent seulement 5 % des soins ambulatoires. Mais, « n'en déplaise à MG France, les centres de santé sont aujourd’hui attractifs aussi bien pour les usagers que pour les médecins du fait de leur dynamisme, de leur capacité d’innovation, de leur accueil des usagers et de leur approche du métier de médecin », insistent les gestionnaires. 

Concernant le volet économique, la fédération juge qu'« il y a quelque chose de paradoxal » dans la position de MG France à dénoncer le coût financier des centres de santé pour une collectivité et « demander à ces mêmes collectivités la mise à disposition de moyens pour offrir aux généralistes libéraux des fonctions supports ».

Au fond, taclent les gestionnaires des centres, les généralistes libéraux de MG France sont probablement irrités « parce qu’ils trouvent que trop de candidats aux municipales proposent, comme solution, face à la crise d’accès aux soins et à un dispositif de premier recours à bout de souffle, la création de centres de santé sur leur commune, leur département, leur région »


Source : lequotidiendumedecin.fr