Alors que des centaines de milliers de personnes ont manifesté mardi dans toute la France contre la réforme des retraites, à l'appel de l'ensemble des syndicats, Emmanuel Macron n'a pas perdu de temps pour remplacer Jean-Paul Delevoye au gouvernement.
Nommé mardi dans la soirée, le nouveau « M. Retraites » est le député LREM du Nord, Laurent Pietraszewski, qui a repris dès aujourd'hui les négociations avec les leaders syndicaux et patronaux après 13 jours de bras de fer. Il remplace le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, démissionnaire, rattrapé par les révélations sur ses activités parallèles et mandats non déclarés.
Jargon managérial
Laurent Pietraszewski est un fin connaisseur des questions sociales, ex-responsable des ressources humaines chez Auchan, dépeint comme « un gros bosseur » par ses collègues, mais pouvant être « cassant ». Élu en 2017 avec l'étiquette “société civile”, ce macroniste de la première heure était même pressenti pour être le rapporteur du projet de loi sur les retraites à l'Assemblée.
Laurent Pietraszewski n'est pas inconnu total pour les représentants de la profession. Début décembre, invité au congrès de l'Union nationale des professions libérales (UNAPL), il s'était engagé sur la protection des réserves financières des différentes caisses de retraite. Alors que Jean-Paul Delevoye assurait que « les réserves appartiennent à ceux qui les ont constituées », celui qui était alors député du Nord avait abondé dans le même sens en allant plus loin. « Ce point (de la sanctuarisation des réserves) pourra être écrit dans la loi. » Une annonce qui avait soulevé quelques rires sceptiques dans la salle remplie d'indépendants...
Volubile, l'élu de 53 ans, qui use parfois du jargon managérial, s'est fait connaître dès le début de la législature en étant bombardé comme rapporteur de la réforme controversée du code du travail, premier gros chantier du quinquennat. Il l'avait défendue sans relâche face à des oppositions de gauche très remontées. Cet homme au crâne dégarni adepte de la boutade était entré en septembre au porte-parolat du groupe majoritaire, dont il a toujours suivi la ligne.
Même équipe de conseillers
Pas sûr que son positionnement rassure les libéraux de santé mobilisés contre le futur système universel : le nouveau secrétaire d'État aux Retraites a affirmé ce mercredi qu'il s'inscrirait dans la « continuité » de Jean-Paul Delevoye afin de « poursuivre le dialogue » avec les partenaires sociaux, qu'il a assuré de son « entière disponibilité ».
En gage de stabilité, Jean-Paul Delevoye a même précisé que son successeur garderait la même équipe de conseillers, preuve selon lui qu'« il n'y a pas de rupture au moment où (le gouvernement est) en train d'écrire la loi ». « Il sera votre digne héritier », a aussi prédit Agnès Buzyn, qui garde la tutelle sur le dossier des retraites.
Au sujet de Jean-Paul Delevoye, la ministre de la Santé a salué le « courage » et la « volonté » d'un « grand serviteur de l'État », ainsi que son « travail colossal » avec les partenaires sociaux.
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