Je viens, fort de mon expérience, manifester mon indignation face à ce que j'appelle la PMA sacrifiée sur l'autel de l'électoralisme ! Je suis professionnel de santé ayant œuvré plus de 35 ans dans le domaine de la PMA et me suis fait un point d'honneur à connaître et suivre les milliers de naissances. Alors, quand je vois avec quelle désinvolture la plupart des groupements de professionnels de la PMA traitent du projet de la nouvelle loi de bioéthique… Celle de 1994 mettait un point d'honneur à considérer légalement le droit de l'enfant avant le droit à l'enfant.
Pas un professionnel de santé ne va s'insurger contre la négation du droit DE l'enfant prônée dans le nouveau projet de loi ? On invite dans les débats télévisés ou conférenciers d’éminents psychologues qui assènent LEUR doctrine après avoir "consulté" des enfants, sur deux ou trois consultations de 20 à 30 minutes. ! Belle affaire !
Mais quand on suit ces enfants pendant 17 ans tous les jours, ce n'est plus le tableau idyllique qu'on veut bien nous faire admettre. Quand une gamine de 5 ans à la sortie de l'école crie à l'égard de ses deux «mamans», «Mais pourquoi je n'ai pas de papa qui vient me chercher comme les autres ! » Quand une fillette de 5 à 6 ans vous saute au cou en demandant, «je peux t'appeler papa?». Cela vaut toutes les belles déclarations de nos éminents psychologues !
Au début des années de la FIV et notamment de l'ICSI, on nous demandait de faire un suivi des enfants jusqu'à un âge avancé et d'en rapporter les données à l'Agence de Biomédecine… Pourquoi n'établit-on pas cette obligation à l'égard des enfants nés de PMA ( à l'étranger ou en France, à l'insu des praticiens) chez les couples de femmes homosexuelles ? Et ne serait ce demander un moratoire le temps d'en tirer des conclusions honnêtes ?
Cette précipitation à brosser un électorat avec des lois qui dénaturent les normes et équilibres sociaux est pernicieuse. Et quand on voit s'étaler dans des magazines comme Paris Match ou autres, les éloges à la venue de bébés au sein de couples homosexuels hommes, on atteint l'apogée de la dénaturation totale de la protection de l'enfance. La protection de l’enfance vise à garantir « la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, le soutien de son développement physique, affectif, intellectuel et social, la préservation de sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation, dans le respect de ses droits ». L’intérêt de l’enfant se doit d’être au centre de toute action.
Droit d’Enfance défend, au quotidien et dans l’ensemble de ses actes, ce principe fondamental. Tout enfant sur notre territoire relève du dispositif français de protection de l’enfance. Ce point est clairement mentionné dans l’article 2 de la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant (CIDE) que la France a ratifiée en 1990. Pourra-t-on voir un jour ; à l'image de la loi Perruche, un adolescent majeur attaquer ses "pseudos parents" pour l'avoir sacrifié sur l’égoïsme de leur désir à eux ! ( ou elles ! ) ? Dont acte.
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