Voici ce que j'écrivais le 07/02/2017 au médecin conseil de la CPAM qui m'interrogeait.
Je vous remercie du courrier que vous m’avez adressé concernant le suivi des prescriptions des médicaments du répertoire des génériques. Ce courrier a reçu toute mon attention comme les précédents. Il m’informe que je suis à 15,7 % de taux de mention « non substituable » alors que la moyenne des médecins du département est à 6,7 %. Cette différence m’interroge autant que vous, car je suis sensible aux économies de santé, autant qu’à la sécurité et à l’efficacité des soins dans mes prescriptions.
En mon âme et conscience, je ne crois pas utiliser indûment cette mention… Il me semble qu’à chaque fois, que je fais l’effort de noter à la main cette mention, elle est justifiée. J’ai refait le point avec mes patients ces derniers jours, sur les motivations à la mention, et j’ai repéré plusieurs cas de figure.
Les patients âgés (en ai-je davantage que la moyenne ?) sont à haut risque de confusion médicamenteuse et les conséquences pourraient être graves et préjudiciables… Je pense en particulier, et à titre d’exemple, à ceux qui ne savent pas que FUROSEMIDE = LASILIX et qui prennent les 2, parce que « c’est bon pour le cœur », de même pour les bêtabloquants… Peut-être, en ma qualité de spécialiste en gériatrie, suis-je plus sensibilisée et plus vigilante à la Iatrogénie et aux moyens de la prévenir. J’ai d’ailleurs eu l’occasion, à plusieurs reprises au cours de ma carrière hospitalière, de transmettre à un public de médecins gériatres ou de médecins généralistes, ces notions de prévention de la iatrogénie.
Dans le même ordre d’idée, je suis attentive aux personnes qui ne mémorisent pas le nom de leurs médicaments et qui risquent donc de se tromper, avec des gélules ou des comprimés de couleurs ou de formes différentes pour une même molécule.
Ainsi qu'aux personnes allergiques qui ont déjà fait des réactions importantes à des génériques et ne veulent pas en entendre parler.
Certaines personnes, enfin, me disent avoir fait l’expérience du Générique et avoir « senti » la différence d’action. Par exemple avec le STILNOX…
Certains médicaments sont connus par mes confrères spécialistes comme n’ayant pas le même effet que les génériques : par exemple, le LEVOTHYROX, dont l’équilibre de la posologie est extrêmement sensible, et que j’ai appris à toujours prescrire en « Non Substituable. »
Je trouve donc la mesure contraignante car si la MTE (Marge Thérapeutique étroite) ou les allergies CIF (Contre Indication Formelle) ont été prévues, le risque de IATROGENIE n'a pas du tout été pensé… Pour l'instant, je note CIF dans ces cas-là.
Ce n'est pas la question de la liberté de prescription qui est en jeu mais la sécurisation de la prescription dans l'intérêt du patient…
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