Gestion des toxicomanies

Publié le 10/03/2023
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Médecin généraliste coordonnateur d’unités sanitaires en milieu pénitentiaire, je vois la violence domestique, la conduite sous influence de drogues illicites et la délinquance associée à l’usage de drogues. En dehors des alcooliques purs, c’est la fréquence des polytoxicomanies qui pose le plus de problèmes. En effet, nous ne disposons de traitement de substitution que pour les opiacés. Pour tout le reste, la difficulté face au manque et au sevrage ne se résume pas à quelques semaines. Il faudrait plus d’addictologues et de psychologues pour que ceux des détenus qui sont motivés parviennent à vivre sans la nécessité d’un produit pour tenir à distance détresse et/ou frustrations. Ensuite, le retour à la liberté passe par une difficile rupture avec les mauvais amis et les dealers. Les CEIDs (Comité d'Étude et d'Information sur la Drogue et les Addictions, N.D.L.R.) eux-mêmes - pourtant bien utiles - ont trop souvent un environnement toxique.

Bref, si je pense qu’il faut éviter de prendre le volant si on est fatigué, si on a bu au point de diminuer ses réflexes, si on a pris des médicaments ou une ou plusieurs drogues à effet néfaste sur la conduite automobile, je pense aussi que le traitement des toxicomanies est complexe, et que par conséquent la banalisation de l’usage de drogues et médicaments devrait socialement être déconseillée et certainement jamais valorisée. La banalisation du tabagisme est dommage, mais l’usage de cannabis est à mon avis une erreur, car peu d’utilisateurs savent qu’un métabolite peut persister dans le sang plus de deux semaines après usage en donnant un test positif. Bref, il vaut mieux éviter les drogues évidemment, bien sûr aussi la cocaïne.

 

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Dr Alain Huvenne, médecin généraliste en Dordogne (24)

Source : Le Quotidien du médecin