« Nous, la société, nous nous sommes trompés ». Le constat de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) est sévère, mais pas inattendu. Après bientôt trois ans de travaux, l’instance a rendu mi-novembre son rapport, qu’elle espère n'être qu'une « étape » afin de poursuivre sa mission. Le titre du document illustre le changement de paradigme attendu par la commission : Violences sexuelles faites aux enfants : « on vous croit ». Car sa première préconisation est de « mettre en évidence le déni » et d’en « sortir » pour ainsi « remettre la loi à sa place, être à la hauteur des enfants victimes et des adultes qu’ils sont devenus ». Y sont formulées 82 préconisations. La Ciivise estime que « leur mise en œuvre sera moins coûteuse que le coût du déni ». Avant de rappeler que 160 000 enfants par an sont victimes de violences sexuelles et que « l’impunité des agresseurs et l’absence de soutien social donné aux victimes coûtent 9,7 milliards d’euros chaque année en dépenses publiques », dont les deux tiers« résultent des conséquences à long terme sur la santé des victimes ». Quatre axes constituent ces recommandations : le repérage, le traitement judiciaire, la réparation incluant le soin, et la prévention des violences sexuelles. La Ciivise a modélisé un parcours de soins spécialisés en psychotraumatisme, réparti autour de 20 à 33 séances sur une année et renouvelables. Si la commission assure avoir conscience que la clinique s’ajuste à la situation et aux besoins, cette modélisation vise notamment à obtenir « un engagement d’une politique publique ».
Sur le terrain, les choses bougent. Un réseau de centres régionaux du psychotraumatisme (CRP) s’est structuré. Il compte 17 CRP et leurs antennes, coordonnés par le Centre national de ressources et de résilience (CN2R). Ce réseau permet la prise en charge des enfants et adolescents victimes de violences sexuelles mais aussi physiques et psychologiques, d'attentats… « Formées au psychotraumatisme, les équipes de professionnels proposent les soins les mieux adaptés à chaque personne à l’épreuve d’un évènement traumatisant », explique dans nos pages la Dr Séverine Blot, pédopsychiatre responsable du CRP au CHU de Bordeaux. Elle constate par ailleurs une augmentation des demandes de prise en charge, liée probablement à une meilleure identification des CRP mais aussi à une sensibilisation croissante des professionnels et de la société. Cela laisse espérer des avancées pour le repérage.
Éditorial
Une place ténue à la COP29
Comment sauver les antibios dans la jungle de l’info ?
Débat
58 % des médecins confrontés au burn-out ou à la dépression : comment en sortir ?
C’est vous qui le dites
« On m’a rapporté des consultations de généralistes à 150 euros »