Salarié en MSP, une situation kafkaïenne

Publié le 20/01/2023
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Pour lutter contre les déserts médicaux et s’adapter aux nouvelles tendances d’exercice, le gouvernement a prévu l’exercice salarié en maison de santé pluridisciplinaire (MSP) via l’ordonnance n° 2021-584 du 12 mai 2021. Sauf que la société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) qui structure la MSP ne peut salarier un médecin que si elle est inscrite à l’Ordre des Médecins. Sauf que l’Ordre des Médecins est dans l’incapacité d’inscrire une SISA, n’ayant reçu aucune directive gouvernementale pour cela.

Résultat : cette ordonnance est bidon dans les faits. Reste la possibilité d’être salarié d’un médecin de la MSP. Sauf que l’agence du numérique en santé (ANS) dit ne pas être en droit de mettre sur la carte CPS du médecin salarié un volet facturation au nom du médecin employeur. Le médecin salarié a donc sa carte CPS pour travailler mais pour facturer ou accéder à certains services il doit prendre la carte de son employeur. On n’arrête pas le progrès de la simplification administrative ! Dès lors la seule solution pratique mais non légale est de n’utiliser que la carte CPS du médecin employeur pour tout faire. Or, l’objectif est tout de même que les deux puissent travailler en même temps chacun avec leur carte. Que faire devant un tel blocage purement administratif. Avertir CPAM, ARS, Ordre, ANS. C’est fait. Chacun est au courant, ne peut rien faire, et se renvoie la balle. Reste le ministre de la Santé. Il prend en considération le problème et transmet à la directrice générale de l’offre de soins. À ce niveau, le problème doit être tellement sans intérêt qu’il n’y a aucune réponse ni action. Telle est mon histoire depuis un an.

Ayant pris ma retraite libérale, j’ai accepté de travailler une journée par semaine dans une MSP en zone rurale désertifiée dans l’Oise, ma présence permettant de remplir le cahier des charges de la MSP. La morale de l’histoire pour paraphraser Élizabeth Anscombe : l’intention de l’homme se juge à son action !  

 

 

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Médecin généraliste, Compiègne

Dr Georges Jung

Source : Le Quotidien du médecin