Le chagrin nous étreint. Nous apprenons le décès de Pierre Perucho, notre ami, notre camarade, notre frère.
Comme souvent la nouvelle nous prend à la gorge, nous assomme, celle que nous n’imaginions pas possible, tellement nous vivions confiants dans une éternité, éternité façonnée par tant de luttes, tant d’engagements, mais aussi tant de fêtes réchauffées par l’amitié offerte et reçue par lui, et plus encore, la fraternité.
Nous partageons la peine de Brigitte, son épouse, elle aussi anesthésiste-réanimateur et que nous connaissons bien, tous les deux praticiens hospitaliers au CH de Perpignan, et à leur fille, vétérinaire.
Tous ceux qui l’ont connu, même côtoyé, ont été saisis par sa bonhomie, sa chaleur humaine, son humour, son respect de la personne et de la parole de tous, sa sagesse même. Car pendant plus de trente ans, il n’y a pas de débat, de lutte, de préoccupation et de souci d’organisation dont il n’ait pas pris une part active, et où il n’ait pas laissé sa marque et même son sceau.
Même s’il n’est pas opportun de citer ici tous ceux qu’il a impressionnés par son dynamisme et sa persévérance, même si une « bio » est malvenue, il y a des instances où il a réellement brillé et imposé sa marque.
Autant à la Société française des anesthésistes-réanimateurs, où il ne cessait d’œuvrer au projet collectif et toujours à faire refleurir, de l’expertise apportée à la rédaction des recommandations professionnelles, et à la complexité croissante des problèmes posés par les évolutions du cadre de la vie professionnelle ; autant au Collège français des anesthésistes-réanimateurs où il avait un rôle structurant en matière de formation professionnelle, de processus de recommandation des établissements hospitaliers. Toute la France l’a vu avec les équipes d’accréditation, conseiller par ici, aviser par-là, exhorter encore ailleurs, et féliciter quand c’était le cas ; et surtout au Syndicat des médecins anesthésistes-réanimateurs non universitaires, dont il a été longtemps vice-président. Son rôle a été capital au sein d’une équipe formidable dont les membres ont vécu une des plus singulières, productives, et constructives époque de leur vie. Cette époque des années 1990 et 2000 a été faite de labeur, de combats, pour affirmer et faire vivre une organisation syndicale à nulle autre pareille, par son respect de tous, sa démocratie interne parfois houleuse, et au final son influence chez nos confrères.
De tout cela il en était car c’était un lutteur. Il a participé à l’œuvre collective, avec d’autres syndicats et dans l’intersyndicale, des avancées sociales majeures des décrets de 1993 (salle de réveil) et 2003 (temps de travail, TTA, repos de sécurité, majoration des salaires) et des avancées statutaires liées à leur application. Toujours avec sa bonne humeur, son humour, ses éclats de rire, sa faconde pagnolesque, parce que, oui, l’accent réchauffé au ciel du midi embaumait ses interventions.
Il a contribué de manière majeure à l’éclat de toutes ces familles, à la considération par les pouvoirs publics de la place de notre spécialité et de son importance pour l’hôpital public. Parce que ce grand paquebot qu’est l’hôpital public avait, a toujours, besoin, de hussards forgés par les contraintes de l’exercice public comme il l’était, pour guider et secouer ceux qui ont les manettes entre les mains.
Pierre, nous nous sommes tant aimés. Tu nous manques déjà, et même si nous avons vieilli, nos larmes coulent.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans Le Quotidien du Médecin ?
Adressez vos contributions aurelie.dureuil@gpsante.fr
Débat
58 % des médecins confrontés au burn-out ou à la dépression : comment en sortir ?
C’est vous qui le dites
« On m’a rapporté des consultations de généralistes à 150 euros »
Éditorial
Par-delà la méfiance
Tribune
Maladies rares et errance thérapeutique : et si l’IA nous permettait de sortir de l’impasse ?