Les prestataires de santé à domicile (PSAD) sont « des trains qui arrivent à l’heure », affirme Louis Champion, président de la Fedesap (Fédération des services à la personne et de proximité) lors d’une conférence de presse le 13 février. Pour autant, ces acteurs du soin à domicile qui dépendent des médecins prescripteurs traversent de grandes difficultés économiques. Au cours des dix dernières années, leur situation a été aggravée par la baisse des tarifs évalués par le secteur à plus de 800 millions d’euros de manque à gagner. D’où des arrêts d’activités, et même des plans sociaux tout au long de l’année 2023.
90 000 patients traités
Parmi les revendications, la fédération demande une revalorisation des tarifs dans une innovation de rupture dans le diabète, la boucle fermée. Ce dispositif médical vise à imiter le fonctionnement naturel du pancréas, à l’aide d’un algorithme. 90 000 patients diabétiques sont traités avec cette technologie. Les PSAD qui prennent en charge l’accompagnement de ces patients à domicile alertent les pouvoirs publics sur les modalités de financement de ce dispositif, depuis sa prise en charge par l’Assurance-maladie en septembre 2021.
Ariane Duvauchelle, déléguée générale de la Fedesap explique l’historique : « Le comité économique des produits de santé (CEPS) a énormément minoré la prestation concernant la boucle fermée du diabétique. Il a finalement inscrit le dispositif avec un tarif nettement sous-valorisé par rapport à ce qu’on constate sur le terrain. » Résultat, le dispositif ne s’est pas déployé et aurait pénalisé l’acteur français Diabeloop qui a initié la boucle fermée. Conséquence, deux gros fabricants de pompe à insuline américains (dont Medtronic) ont pris toutes les parts du marché, deux autres acteurs étrangers sont en train de se positionner.
Si le CEPS a pris conscience de la situation du secteur et a modifié en conséquence la nomenclature du tarif un peu à la hausse, la fédération juge cette avancée insuffisante, et milite pour une revalorisation tarifaire en fonction de la complexité de l’accompagnement du patient.
Le métier des PSAD a changé
Le Pr Éric Renard, chef du service de diabétologie au CHU de Montpellier et président de la Société francophone de diabétologie (SFD) conteste cette revendication : « Les patients sont de plus en plus autonomes, surtout ceux qui sont en boucle fermée. Les PSAD ont besoin de moins assister les patients, sauf au début où ils vont les aider à télécharger leurs données une à deux fois. En fait, leur métier change, ils sont amenés à revoir leurs prestations à la hausse, mais pas à la baisse. Ce qui est paradoxal, car les patients sont plus aptes à se gérer. »
La télésurveillance participe également à l’autonomisation des patients, insiste le Pr Renard. Reconnu et tarifé, ce nouveau type de prise en charge est assuré par le diabétologue au sein d’une clinique ou par une équipe médicale si les patients sont suivis dans un hôpital. « Il faut avoir une vision globale de la santé publique, conclut le médecin. Le télésuivi est remboursé de manière correcte, ce n’est pas aux PSAD de faire cette tâche-là, qui est assurée par les diabétologues. Quant aux patients complexes, c’est également nous qui les prenons en charge. »
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