Tribune Jean-Pierre Blum

Ethique liée à l'IA, attention danger

Publié le 16/09/2021
L’Organisation des Nations unies alerte sur les dangers éthiques liés à l’intelligence artificielle et propose un moratoire par la voix d’Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco. Verbatim.
Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco.

Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco.

Pour la tête de l’Unesco, un doute semble s’installer dans la confiance relative aux usages réservés à l’intelligence artificielle. « L’IA est la nouvelle frontière de l’humanité. Une fois que celle-ci sera franchie, une nouvelle forme de civilisation humaine verra le jour. Le principe directeur de l’IA n’est pas de devenir autonome ni de remplacer l’intelligence humaine. Mais nous devons nous assurer qu’elle est développée selon une approche humaniste, fondée sur des valeurs et les droits de l’homme. Nous faisons face à une question cruciale,à savoir quel type de société nous voulonspour demain. La révolution de l’IA ouvre de nouvelles perspectives passionnantes, mais les bouleversements anthropologiques et sociaux qu’elle engendre méritent une réflexion approfondie. »

Prudence est mère des vertus et de la diplomatie.

Si le constat de la docte organisation internationale est avéré, il vient un peu tard et enfonce des portes ouvertes par moult scientifiques depuis cinq ans. « Si l’IA représente un atout pour le développement responsable de nos sociétés, elle pose aussi des questions éthiques importantes. Comment pouvons-nous nous assurer que les algorithmes n’empiètent pas sur les droits de l’homme fondamentaux– allant de la vie privée à la confidentialité des données en passant par la liberté de choix et la liberté de conscience? La liberté daction peut-elle être garantie lorsque nos désirs sont anticipés et guidés? Comment pouvons-nous nous assurer que les stéréotypes sociaux et culturels ne sont pas reproduits dans les programmations en intelligence artificielle, notamment en ce qui concerne la discrimination fondée sur le genre? Ces circuits peuvent-ils être reproduits? Les valeurs peuvent-elles être programmées, et par qui? Qui porte la responsabilité lorsque les décisions et les actions sont entièrement automatisées? Comment pouvons-nous être sûrs que personne, où que ce soit dans le monde, n’est privé des bénéfices de ces technologies? Comment veiller à ce que lIA soit développée de manière transparente, de sorte que les citoyens du monde, dont la vie est affectée, aient leur mot à dire dans son développement?Pour répondre à ces questions, nous devons faire la distinction entre les conséquences immédiates de l’IA sur nos sociétés– que lon ressent déjà– et leurs ramifications à long terme. Nous devons donc définir des objectifs et un plan daction stratégiques communs. »

Il faut, nous devons, etc.

Le discours est classique, connu, rebattu, certes louable mais bien peu efficace.« Nous devons veiller à ce que les nouvelles technologies, en particulier celles fondées sur l’IA, soient utilisées au service de nos sociétés et de leur développement durable. Ses développements et ses applications devraient être réglementés pour qu’ils soient en conformité avec les droits fondamentaux qui encadrent notre horizon démocratique. De nombreux acteurs– les entreprises, les centres de recherche, les académies des sciences, les États membres des Nations Unies, les organisations internationales et les associations de la société civile– demandent la mise en place dun cadre éthique pour son développement. Alors que ces questions font l’objet d’une compréhension croissante, les initiatives connexes devraient être mieux coordonnées. En tant que question mondiale, tous les débats sur ce sujet doivent avoir lieu au niveau mondial afin d’éviter une approche à l'éthique «au cas par cas ». Une démarche inclusive, mondiale avec la participation des fonds, des institutions et des programmes des Nations Unies est nécessaire si nous voulons trouver les moyens de tirer parti de lIA au service du développement durable. »

Bla Bla Bla

« L’Unesco participe pleinement et activement à ce dialogue mondial. Elle dispose de nombreuses années d’expérience dans le domaine de l’éthique des sciences et de la technologie. Nos organes consultatifs ont déjà produit de nombreux rapports et déclarations, y compris sur la robotique, comme le rapport de la Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies sur l’éthique de la robotique publié en 2017. Les organes consultatifs ont aussi l’expérience acquise dans l’élaboration d’instruments normatifs, y compris la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme en 1997 et la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme en 2005. »

Voilà qui va faire trembler d’effroi les Google, Facebook, Amazon, Apple, Microsoft, Palantir, Huawei, Tencent, ZTE, etc. sans parler des Etats qui n’ont pas de morale mais que des intérêts. Lorsqu’il faut coopérer pour l’éthique et un tant soit peu de morale, on connaît les forces, particulièrement mercantiles, qui sont à la manœuvre. Les preuves sont nombreuses qui démontrent que même dans les pires circonstances les individus et les Etats sont capables de tout et surtout de l’innommable. Le combat d’Audrey Azoulay n’est pas gagné, loin s’en faut.

Allez rendez-vous au prochain scandale.


Source : lequotidiendumedecin.fr