En septembre 2018, l’entrée de la télémédecine dans le droit commun marquait un tournant dans le paysage du soin français. Depuis, la téléconsultation et la téléexpertise se sont progressivement déployées dans la société et parmi les professionnels de santé. Pendant la crise sanitaire, les consultations à distance sont même devenues une nécessité, conduisant à l’adoption massive, rapide et durable de cette pratique.
Mais qu’en est-il aujourd’hui ? À l’occasion de sa conférence de presse annuelle, l’association Les entreprises de télésanté (LET) a regretté une forme de stagnation de la pratique. « Malgré l’essor constaté ces dernières années, la téléconsultation n’arrive pas à vraiment décoller en France car on constate toujours de multiples blocages, a affirmé Julie Salomon, vice-présidente des affaires médicales. Surtout, il n’existe pas encore assez d’études pour montrer la pertinence du télésoin. »
Pour renforcer son propos, le LET a réalisé une enquête bibliométrique afin de dresser un état des lieux de la recherche en télémédecine couvrant une période de vingt ans, de 2004 à 2023. L’association a ainsi répertorié les projets de recherche du Health Data Hub, les protocoles de Clinical Trials, les mémoires et thèses du dépôt universitaire de mémoires après soutenance (Dumas) et les publications de PubMed.
Il est impératif que la France intensifie ses efforts de recherche et de financement sinon l’évolution du marché pourrait se faire sans nous
Julie Salomon, vice-présidente des affaires médicales du LET
Retard français
Malgré un pic de publication scientifique observé au niveau mondial durant la pandémie – avec un record de 58 études en 2021 –, la recherche sur le sujet reste encore trop limitée, estime le LET. « Bien que les projets de télémédecine en France soient en croissance depuis 2004, la France ne représente que 2,5 % de la production scientifique mondiale selon PubMed », souligne ainsi l’association.
En plus de l’approche quantitative, le LET s’est aussi penché sur le financement de la recherche hexagonale en télémédecine. Les auteurs de l’étude font état d’une recherche majoritairement publique et financée par le Programme de recherche sur la performance du système des soins (Preps), avec une faible part du privé.
« Entre 2020 et 2023, seulement 11 à 13 projets de recherche en télémédecine ont été déposés annuellement auprès du Health Data Hub », lit-on dans l’étude. Par ailleurs, entre 2009 et 2022, le ministère a investi 15 millions d’euros dans 41 projets de recherche académique dédiés à la télémédecine. Or cela représente « seulement 1,1 % des projets financés », regrette l’association.
Pour le LET, cette proportion semble dérisoire au regard des avantages observés de la télésanté pour désengorger les urgences et renforcer les parcours de soins sur l'ensemble des territoires. Et ce d’autant plus que sa dernière étude avait montré une forte adhésion des médecins pour cette pratique.
Pour remédier à ces lacunes, le LET plaide en faveur de la réalisation d’une étude fondée sur les statistiques du Système national des données de santé (SNDS) afin de démontrer l’impact de la téléconsultation en soins primaires et ainsi éclairer les décisions politiques et cliniques futures. « Il est impératif que la France intensifie ses efforts de recherche et de financement, tant publics que privés, sinon l’évolution du marché pourrait se faire sans nous », avertit Julie Salomon.
IVG médicamenteuses : des résultats aussi bons à distance qu'en consultation classique
L'avortement médicamenteux par télémédecine (avec envoi postal de mifépristone et de misoprostol après une évaluation à distance) est-elle aussi efficace et sûr qu’une consultation avec échographie classique ? C’est en tout cas ce que suggère une étude publiée dans le Jama Network le 24 juin. En comparant deux groupes de femmes enceintes et désireuses* d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) par médicaments, les auteurs ont montré que les prescriptions et les prises en charges réalisées à distance étaient aussi efficaces et sécurisées que celles effectuées en présentiel, avec échographie. Selon l’étude, le taux de succès de la méthode médicamenteuse s’élevait ainsi à 94,4 % contre 93,3 % pour la méthode classique, avec une faible prévalence d'événements indésirables dans les deux cas de figure.
*Les patientes éligibles recherchaient un avortement médicamenteux jusqu'à 70 jours de gestation inclus, parlaient anglais ou espagnol et étaient âgées de 15 ans. Les avortements ont été réalisés dans le Colorado, l'Illinois, le Maryland, le Minnesota, la Virginie et l'État de Washington de mai 2021 à mars 2023
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships