Depuis le 23 septembre et l’intensification des bombardements israéliens au Liban, au moins 1 640 personnes ont perdu la vie et 8 408 sont blessées, selon le premier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la situation dans le pays (au 28 septembre). Parmi les victimes, l’agence de l’ONU rapporte le décès de 38 soignants, l’évacuation de trois hôpitaux et recense 11 attaques ayant touché des établissements de santé.
À ce bilan tragique dans un pays au système de santé rendu exsangue par des années de crise économique, s’ajoutent des centaines de milliers de déplacés après les bombardements, selon le ministère de la Santé libanais. Une partie de ces déplacés (de 100 000 à 150 000 personnes, selon les estimations) s’est réfugiée en Syrie voisine.
« La situation humanitaire au Liban est indescriptible, témoigne dans un communiqué la Dr Luna Hammad, coordinatrice médicale de Médecins sans frontières (MSF) au Liban. Les gens dorment dans la rue. Plus de 500 écoles ont ouvert leurs portes aux déplacés, mais elles sont désormais bondées. Les gens n'ont nulle part où se réfugier. » Les autorités libanaises veulent augmenter la capacité d’accueil à près de 800 centres.
Déjà cinq millions de personnes subsistent grâce à l’aide humanitaire
Le Liban « est soumis à une forte inflation et à une crise économique majeure depuis plusieurs années, avec, parmi les conséquences, cinq millions de personnes subsistant grâce à l’aide humanitaire, ajoute auprès du Quotidien le Dr Jean-François Corty, président de Médecins du monde (MDM). Le système de santé était déjà fragilisé avec des difficultés importantes d’accès aux soins. L’épidémie de choléra qu’a connu le pays en 2022 rappelle aussi les difficultés persistantes d’accès à l’eau. »
La situation sur place fait craindre une catastrophe humanitaire. Les agences de l’ONU ont lancé ce 1er octobre un appel pour récolter plus de 400 millions de dollars pour une aide d’urgence aux déplacés. Les autorités libanaises réclament un corridor aérien pour l’acheminement du matériel de secours. En déplacement au Liban, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé une aide d'urgence de 10 millions d'euros pour le pays, et plus de 10 tonnes de matériel médical.
Dans son rapport, l’OMS indique avoir déjà envoyé sur place 50 types de médicaments différents qui seront distribués dans 500 établissements de santé pour assurer les soins de 190 000 patients pour un mois, ainsi que 12 kits chirurgicaux d’urgence pour la réalisation d’une centaine d’interventions. L’agence s’apprête à acheminer 50 kits chirurgicaux supplémentaires, mais aussi 5 000 poches de sang qui seront livrées à la Croix-Rouge libanaise. Plus de 5 000 soignants formés aux situations d’urgence devraient aussi venir soutenir les soignants libanais.
Les ONG renforcent leur capacité sur place
Les ONG présentes sur place renforcent également leurs interventions. MSF déploie des cliniques mobiles pour atteindre les populations déplacées par la guerre, réalise des soins en traumatologie et forme les soignants à gérer l’afflux massif de blessés dans les hôpitaux. « (Les équipes) acheminent de l'eau par camion, fournissent des premiers soins psychologiques et des consultations médicales. Elles distribuent aussi des produits de première nécessité tels que des matelas, des couvertures et des kits d'hygiène », détaille l’ONG, qui dispose sur place d’un effectif de 500 personnes.
MDM aussi est en pleine « montée en charge », avec notamment l’envoi d’équipes d’urgentistes, indique le Dr Corty. La priorité est d’apporter un soutien aux autorités dans la mise en place de « centres de transit » pour les populations déplacées.
L’ONG, qui a renforcé ses activités en santé primaire et en santé mentale, expédie aussi sur place du matériel médical, en particulier des kits « 10 000 », c’est-à-dire capables de couvrir les besoins de 10 000 personnes sur trois mois, liste le Dr Corty. L’objectif est d’être « prêt à appuyer les autorités en cas de ruptures de médicament, de besoins chirurgicaux, etc. », poursuit-il.
Alors que de nombreux enfants comptent parmi les victimes, « la population civile paie un lourd tribut », déplore le Dr Corty, qui dénonce des « bombardements indiscriminés ». « Comme à Gaza, les vies civiles passent après les objectifs militaires », poursuit-il. Alors que « deux membres des Nations unies et une quinzaine de secouristes libanais ont été tués la semaine dernière », l’urgence reste que « les civils et les humanitaires ne meurent pas sous les bombes » et que « le droit humanitaire international soit respecté. »
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