Accès aux soins : une tribune des libéraux défend le numéro dédié 116-117

Par
Publié le 14/06/2021

Crédit photo : GARO/PHANIE

Sus au numéro unique ! Dans une tribune parue dans le JDD hier, les principaux syndicats (MG France, CSMF, Avenir Spé, le Bloc, FMF, SML) et quelques URPS (Occitanie, Pays de la Loire, Corse, Océan Indien, Centre-Val de Loire) de médecins libéraux appellent à ne pas confondre « urgences médicales et demandes de soins non programmées » car « dans le premier cas le pronostic vital peut être en jeu, dans le second il s’agit de rechercher une juste adéquation aux ressources sanitaires existantes ». Ils plaident donc pour une extension du numéro dédié aux soins ambulatoires, le 116-117.

Les libéraux écrivent qu’il ne faut pas « embouteiller les lignes du 15 avec des motifs non urgents comme cela a été le cas lors de la première vague de Covid ». A contrario, un numéro dédié aux soins ambulatoires permettrait selon eux « d’atteindre directement l’opérateur de soins non programmés ». En effet selon les médecins, 2/3 des appels parvenant aux Centres 15 aboutiraient à des « demandes de conseils et de rendez-vous qui relèvent de la médecine de ville et non d’une prise en charge en urgence. »

Des moyens pour réussir

S’ensuit une série de propositions pour améliorer le Service d’accès aux soins (SAS), proposé par le Président de la République et actuellement en expérimentation dans 22 départements du pays (dont le Rhône). Les signataires ne demandent pas « un "pognon de dingue" mais un dû pour ces médecins qui n’ont pas failli dans la crise sanitaire que traverse le pays », notamment, ainsi que des moyens pour réussir tels « des outils informatiques pour réguler les appels à distance, des agendas internet partageables avec le secrétariat du service, et la rémunération des créneaux mis à disposition de la population. »

Le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes CSMF, à l’initiative de cette tribune avec MG France, explique les raisons de cette publication. « On ne veut pas se laisser enfermer dans un débat rouge-blanc (pompiers et Samu, ndlr). Cette tribune fait suite à celle du Samu de France (qui s’oppose également à un numéro unique, ndlr) et s’adresse aux parlementaires car depuis septembre 2017, le sujet est sur la table. Et ça pose problème, puisque, depuis, aucune décision n’a été prise ! » Pour le praticien, « c’est aussi une question d’éducation à la santé de la population : il ne faut pas aller aux urgences systématiquement. On ne peut pas mélanger les infarctus avec la fièvre de l’enfant à 38,5°C ».

Le réflexe du 15

Même discours chez le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF : « Le message qu’on veut donner aux Français, c’est qu’il y a des urgences pour les accidents, etc., mais à côté de ça, il y a aussi le médecin traitant. Il y a cinquante ans, c’est lui qu’on appelait 24 heures sur 24 ! Il faut faire perdre aux Français le réflexe d’appeler le 15 pour tout ». Et pourquoi pas s'inspirer d'autres initiatives qui fonctionnent depuis des années ? « Les structures libérales comme SOS médecins ont leur propre numéro, qui correspond à une demande particulière, à l’échelon national. Pourquoi n'en tire-t-on pas de conclusion ? On peut organiser les soins en fonction des besoins de la population. »

La présidente de la FMF, Dr Corinne Le Sauder, résume la philosophie de la tribune : « Payez les médecins quand ils font des soins non programmés, faites-nous confiance, écoutez-nous et laissez-nous travailler ! »

Sont signataires de la tribune : Dr Jacques Battistoni, président de MG France, Dr Jean-Baptiste Caillard, président de l'URML Pays de la Loire, Dr Jean-Christophe Calmes, président de l'URPS Occitanie, Dr Philippe Cuq, co-président du Bloc, Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes CSMF, Dr Patrick Gasser, président d'AvenirSpé, Dr Antoine Grisoni, président de l'URPS Médecins de la Corse, Dr Christine Kowalczyk, présidente de l'URPS Médecins Océan Indien, Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF, Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, Dr Raphaël Rogez, président de l'URPS Centre-Val de Loire, Dr Philippe Vermesch, président du SML.


Source : lequotidiendumedecin.fr