Courrier des lecteurs

C’était différent avant…

Publié le 27/03/2015
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Chère consœur, tu m'écris : « Vous êtes des générations où vous vous êtes fait des c… en or ! Les discours sont stériles, non constructifs, des discours de vieux cons parce qu’on ne laisse pas parler les jeunes, parce qu'ils sont persuadés que vous, les anciens, vous avez forcément raison. J'ai entendu, à votre table : « les jeunes sont des fainéants… ils ne veulent plus bosser… On va finir fonctionnaire ».

Tu vois., je ne me désolidarise pas des autres vieux cons, on est tous le con d'un autre mais tu ne m'as pas écouté. Je ne dis jamais que c'était mieux avant, juste que c'était différent. Si, avec nos coordinations pour le C à 100 francs, pour le C à 20 et la V à 30 €, l'application 1 an avant du C à 23 €, on a pu changer un peu quelque chose à l'exercice médical, c'est juste à 'avoir appris aux médecins de notre génération à dire non, aux exigences des patients et des caisses. Attitude qu'ont, naturellement, nos jeunes confrères et cela me fait plaisir.

Je ne les crois pas fainéants mais plus à la recherche d'un juste équilibre entre une profession qu'ils aiment autant que nous et une qualité de vie que nous ne savions pas préserver. Être médecin est pour eux un beau métier, pas un sacerdoce, et c'est tant mieux. Cette évolution de l'exercice a été favorisée par la féminisation qui est, pour moi, une chance dont peu se rendent compte. Vous savez, culturellement (« on ne naît pas femme, on le devient »), hiérarchiser ce qui est important dans la vie. Vous savez arrêter une après-midi de consultation pour consacrer du temps à votre vie personnelle. Nos jeunes consœurs et confrères fonctionnent comme ça et c'est bien… Et les patients s'adaptent plus vite à ce changement qu'une partie des médecins, vieux ou non, mais pas cons !

NB : notre génération a eu plus de difficultés, liées à la démographie médicale, pour se faire une clientèle de patients que nos djeuns n'auront à se faire une patientèle de clients…

NB bis : dans « Tiers payant », ce n'est pas « tiers » qui est révoltant s'il est géré par un tiers-payeur indépendant des caisses et des mutuelles qui nous règle directement pour se faire rembourser après par ces organismes. Ce qui est inacceptable, c'est « payant » ! Comme me le faisait remarquer une de mes premières patientes : « Docteur, en vérifiant l'historique de mes remboursements, j'ai vu qu'en 2004 la consultation était à 22 € aujourd'hui c'est à 23 €, vous avez été augmenté d'un euro en 11 ans… C'est honteux ! ».

Bises confraternelles.

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Dr Arnault Gruber, Colomiers (Haute-Garonne)

Source : Le Généraliste: 2715