Après la création de différents diplômes universitaires au cours des vingt dernières années, c’est en 2014 qu’est né le premier DIU de Thérapeutique homéopathique initialement entre les universités partenaires de Brest, Reims et Lyon. Les enseignements étant alors assurés en présentiel avec un partage des cours.
300 heures en deux ans
En 2020, le Covid met un terme à la dynamique, qui renaît en 2022, cette fois, entre Reims et Marseille, à la suite de changements de doyens. « En 2020, nous n’étions pas prêts pour assurer les cours en distanciel mais cette modalité nous permet aujourd’hui de recruter des enseignants d’autres sites : Nantes, Lille ou Bordeaux par exemple, souligne le Dr Antoine Demonceaux, médecin généraliste, homéopathe et coordinateur du DIU. Deux dimensions structurent notre démarche : la réunion de plusieurs facultés de médecine autour des thérapeutiques homéopathiques - celle de Strasbourg devrait nous rejoindre dès la rentrée prochaine - et la possibilité de former des professionnels dans la France entière ».
Dans la pratique, les enseignements sont répartis en 300 heures en deux ans, avec cours magistraux, travaux dirigés, stage obligatoire chez un professionnel de santé formé et expérimenté et rédaction d’un mémoire de cas clinique.
Complémentarité des traitements
« Nous menons un travail commun avec le Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (CUMIC) par l’intermédiaire du Pr Fabrice Berna, chef de service de psychiatrie adulte à Strasbourg, afin de garantir la qualité universitaire de l’enseignement, lequel a pour objectif de valoriser la complémentarité de la thérapeutique homéopathique avec les traitements conventionnels », explique le Dr Antoine Demonceaux. Le public inscrit au DIU réunit des profils divers : pharmaciens et préparateurs, médecins, infirmières, sages-femmes, kinésithérapeutes ostéopathes, vétérinaires… à l’exclusion des non-professionnels de santé.
Côté enseignants, ce sont essentiellement des médecins et des pharmaciens qui assurent les cours. « Cette mixité, engagée depuis vingt ans, a permis aux deux parties de mieux se connaître et de créer des liens au-delà des échanges sur les traitements homéopathiques », se réjouit le coordinateur du DIU.
Fake médecines
Ce dernier assure constater davantage d’écoute de la part de la communauté médicale depuis les vives polémiques autour de l’homéopathie en 2018. Une longue controverse avait alors agité la communauté médicale après une tribune de 124 praticiens contre les « fake médecines » accusant certaines thérapies alternatives et complémentaires dont l'homéopathie de « pratiques ésotériques », d'efficacité non prouvée et même de « dangerosité ». Des praticiens favorables à l'homéopathie avaient répliqué en portant une série de plaintes devant l'Ordre, estimant que la tribune avait porté atteinte à la confraternité.
À l’époque, le président de l'Ordre national des médecins, le Dr Patrick Bouet, avait refusé « d'assumer seul la responsabilité » de trancher, notamment sur le volet universitaire. « Ce n'est pas l'Ordre qui délivre les diplômes ou qui fait la formation universitaire. C'est aussi à l'Université de faire le ménage dans ses diplômes. Il faut que les titres délivrés soient arbitrés sur le plan de l’intérêt scientifique », avait expliqué le généraliste. En 2019, l’Ordre avait adopté à une large majorité une décision d’ouverture sur l'homéopathie. Parmi les critères d’évaluation pour accorder le droit au titre de médecin à orientation homéopathique figure justement l’exigence d’une formation universitaire validée de type DIU, qui respecte les règles de déontologie médicale et n’a pas de lien d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique. C’est donc dans ce cadre que se déploie le DIU actuel.
En attendant les preuves
« La période a été très violente, se souvient le Dr Demonceaux, mais l’électrochoc a finalement été salutaire dans la mesure où il nous a obligés à reprendre des études fondamentales et cliniques. Et sur le sujet du déremboursement, il importe de rappeler que la Haute Autorité de santé (HAS) n’a jamais complètement fermé la porte. Elle attend davantage de preuves de l’efficacité des traitements homéopathiques pour reconsidérer ses évaluations. Il n’est pas exclu que des produits soient à nouveau remboursés pour le traitement de certaines maladies chroniques, dès l’instant où nous aurons prouvé une amélioration de la qualité de vie et/ou une réduction des traitements conventionnels. Cela prend du temps et demande des moyens. »
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